a mode est assurément aux clones plus productifs. « Étant donné les aléas climatiques, les vignerons cherchent à assurer la sortie de grappes, qu’ils soient en cave particulière ou en coopérative », note Olivier Calmet, cogérant des pépinières Calmet, à Fanjeaux, dans l’Aude. Ses best-sellers ? Les sauvignons blancs 241, 242 et 297 (niveau de production moyen à supérieur, selon PlantGrape) ; les chardonnays 96 et 277 (niveau de production moyen à supérieur), 132 et 78 (niveau de production supérieur), et les merlots 519 et 349 (niveau de production supérieur).
À la tête du groupe Velletaz, implanté dans le Vaucluse, en Savoie et dans le Grand Ouest, Sébastien Velletaz abonde. « La demande en clones productifs est d’autant plus avérée concernant les blancs car leur acidité se dégrade. » Ainsi, ses clients vont vers les sauvignons 242 et 297, qui « produisent plus et mûrissent plus tard, avec une acidité préservée et un rendement correct en jus ». À l’inverse, exit les clones 530 et 905. « Le 905 tolère peu la sécheresse. Et en Languedoc, si on le greffe sur 3309 C, on ne récolte rien ! »
En chardonnay, poursuit-il, « ce qu’on nous demande le plus, ce sont les clones 96 et 277. On a encore de la demande pour les clones intermédiaires 95 et 76, en Bourgogne. Mais plus dans le Sud ». Et en rouge, le grenache clone 70, qui fut un temps « presque oublié » car gros producteur, est demandé aujourd’hui dans le Vaucluse, « car il limite la couleur des rosés ».
Jean-François Barnier, président des pépinières du Comtat, à Sarrians, dans le Vaucluse, confirme. « Dans le Sud-Est, le grenache 70 est très prisé car dans les zones séchantes, les vignerons ont besoin d’assurer le rendement. Même chose pour le chardonnay : on a des demandes pour des clones plus producteurs, comme le 96. »
À Charcenne, en Haute-Saône, les pépinières Guillaume possèdent leur propre conservatoire de clones, et réalisent chaque année des microvinifications de ces plants. Avec le réchauffement climatique, elles constatent que certains oubliés suscitent un nouvel intérêt. Comme le pinot noir 165 qui conserve une belle acidité, même lorsqu’il fait chaud, et qu’elles ont réintégré dans leur catalogue. Ces pépinières ont aussi relancé la production du pinot noir 114. « Il appartient à la première génération de clones sélectionnés, explique Pierre-Marie Guillaume. Les viticulteurs l’avaient abandonné car ils le trouvaient un peu trop productif. Mais dans les conditions actuelles, il donne des vins excellents, d’une bonne structure, à un rendement de l’ordre de 50 hl/ha. »
En chardonnay, les clones 116 ou 117 qui avaient du mal à mûrir par le passé reviennent en grâce. « Ils ont un potentiel de production de 60 à 70 hl/ha, avec un niveau d’acidité supérieur à la moyenne », détaille Pierre-Marie Guillaume. Idem pour le 121. « Il a un niveau de production intéressant. Au niveau organoleptique, il procure une bonne tension dans les vins. »
Selon Miguel Mercier, des pépinières Mercier, à Vix, en Vendée, « le phénomène date d’il y a une dizaine d’années ». Les clones qualitatifs ne sont pas finis pour autant. « Ils restent prisés des domaines qui produisent des vins haut de gamme. »
Les porte-greffes vigoureux sont également à la mode. « Depuis cinq à six ans, la demande évolue vers des porte-greffes plus résistants à la sécheresse et plus vigoureux », observe Miguel Mercier, cogérant des pépinières Mercier, à Vix, en Vendée. Le pépiniériste note ainsi une hausse de la demande pour le 1103 Paulsen, le 140 Ruggeri, le 110 R et le 5BB. À l’inverse, il souligne une baisse de 15 % pour le 101-14, et de 5 % pour le 3309. Quant au Riparia Gloire, il n’est quasiment plus demandé.