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Traitement à l'eau chaude des bois et plants de vigne, une organisation bien huilée chez les pépinières Viaud
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Lutte contre la flavescence dorée
Traitement à l'eau chaude des bois et plants de vigne, une organisation bien huilée chez les pépinières Viaud

Le traitement à l’eau chaude des bois ou plants de vigne se généralise. Reportage dans une pépinière d’Angers qui prend, depuis de longues années déjà, cette précaution pour éviter tout risque de propagation de la flavescence dorée.
Par Ingrid Proust Le 08 février 2024
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Traitement à l'eau chaude des bois et plants de vigne, une organisation bien huilée chez les pépinières Viaud
Le responsable production des Pépinières Viaud immerge une palette de greffons de melons dans la cuve pour le traitement à l'eau chaude. - crédit photo : Ingrid Proust
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l est 9 heures ce 24 janvier aux Pépinières Viaud, aux Garennes-sur-Loire, dans le Maine-et-Loire. Installée à plusieurs mètres du poste de débitage de porte-greffes, une imposante cuve en acier de près de trois mètres de long laisse s’échapper le murmure de sa chaudière à fioul qui chauffe ses 7,5 m3 d’eau à 50 °C. Aujourd’hui, les Pépinières Viaud vont y immerger plusieurs palettes de milliers de bois de porte-greffes ou de greffons. Pour chaque palette, le bain durera 45 minutes, conformément au protocole définit par FranceAgriMer en vue de débarrasser les bois des phytoplasmes de la flavescence dorée qu’ils pourraient éventuellement renfermer.

Objectif : sécuriser la production vis à vis de la flavescence

« Cela fait près de trente ans que nous traitons tous nos bois à l’eau chaude. En 1997, mes oncles, qui géraient l’entreprise, ont été les premiers pépiniéristes en France à le faire. Ils avaient eu des symptômes de flavescence dans leur pépinière. Ils ont voulu sécuriser leur production vis-à-vis de cette menace et d’autres maladies bactériennes », explique Guillaume Careil, l’actuel gérant.

Bien avant l’aube, la cuve a commencé à se remplir d’eau. Puis la chaudière s’est mise en route. « Il faut quatre heures pour chauffer l’eau à 50 °C », confie Éric Chupin, le responsable production à la pépinière. Désormais, la machine est prête. Sa console affiche les 50 °C requis par le protocole. Avec un transpalette, il soulève une palette de 24 fagots de porte-greffes 3309 C et la pose dans la cage métallique placée au pied de la cuve, puis il soulève le tout avant de l’immerger lentement dans le bassin et de fermer son couvercle.

Une marge de plus ou moins 1°C est prévue

Sur le tableau de commande de la machine, la température de l’eau fléchit à 49,5 °C après l’immersion des bois. « Une marge de plus ou moins 1 °C est prévue dans le protocole », précise Guillaume Careil. Aucune vapeur ne s’échappe de la cuve fermée. Ses parois, épaisses et calorifugées, sont à peine tièdes. Quinze minutes après l’immersion des bois, la température de l’eau est remontée à 50 °C. Éric et Guillaume gardent un œil sur la machine tout en vaquant à d’autres tâches.

Soudain, le portable d’Éric bipe. Quarante minutes viennent de s’écouler depuis la fermeture de la cuve. « Éric se programme une alerte peu avant la fin du traitement. Dès que celui-ci est terminé, il faut sortir les bois pour ne pas prendre le risque d’un impact négatif du TEC sur les futurs plants », commente Guillaume Careil.

Une traçabilité rigoureuse

10 heures. Éric remonte à bord de son chariot élévateur et sort la palette de porte-greffes. Un nuage de vapeur s’échappe. Le responsable production laisse la palette suspendue quelques minutes au-dessus du bassin afin que les bois s’égouttent. Puis il la repose au sol, chargée de ses porte-greffes aux yeux gonflés et fumants. Un peu plus tard, il les arrose pour les refroidir. « Ensuite, nous les laissons sécher pendant plusieurs heures, avant de les stocker en chambre froide. Les bois doivent être parfaitement secs pour être débités à la machine », commente Guillaume Careil.

Peu après, Éric immerge une autre palette dans la cuve. Celle-ci contient 2 200 sarments de melon sortis de leur chambre froide et nettoyés de leurs entre-cœurs, vrilles et restes de grappes. Le responsable de production reprogramme une alerte sur son téléphone. De son côté, Guillaume pianote sur son écran pour compléter le tableau de traçabilité de ses traitements. « Nous y indiquons pour chaque lot traité la date, l’heure de début et de fin de traitement, le numéro du bain, la provenance des bois, le volume de porte-greffes ou de greffons. Ces données sont contrôlées par FranceAgriMer. » Après leur trempage dans l’eau chaude, les greffons seront eux aussi égouttés et mis à sécher à température ambiante avant d’être replacés en chambre froide.

Un investissement de 45 000 € pour la machine

Les Pépinières Viaud produisent 1,25 million de plants par an, soit des milliers de bois à traiter à l’eau chaude en début d’année, selon une organisation bien huilée. « Nous consacrons une journée par semaine au TEC, pour faire 10 à 12 bains, indique Guillaume Careil. Nous changeons l’eau du bain après une dizaine d’heures de traitement. Nous ramassons les greffons jusqu’à mi-février et finissons en mars avec les porte-greffes. Nous avons fait le choix de traiter le matériel végétal avant greffage. On peut aussi traiter les plants avant plantation. Mais sur les plants racinés, le TEC augmente le risque de botrytis sur les racines. Il peut aussi générer un retard de débourrement après la plantation chez nos clients. »

Guillaume Careil a investi environ 45 000 € dans sa machine actuelle, installée en 2020 pour remplacer celle d’origine. « Nous consommons autour de 1 500 litres de fioul par an pour plus de 200 bains, précise-t-il. Le TEC étant intégré dans les charges de l’entreprise depuis vingt-sept ans, nous ne le refacturons pas à nos clients. »

Vers une généralisation du TEC en Val de Loire

« Il y a vingt-sept ans, on nous prenait pour des fous. Mais, aujourd’hui, plusieurs confrères pratiquent le TEC et d’autres vont le proposer », explique Guillaume Careil, secrétaire du syndicat des pépiniéristes viticoles du Val de Loire. Il faut dire que la flavescence dorée est apparue dans la région il y a deux ans. « Nous discutons avec les représentants de la viticulture pour voir comment généraliser le TEC en Val de Loire. Outre la machine, il est souvent nécessaire de construire un bâtiment adapté pour l’accueillir, ce qui suppose un investissement important pour les plus petites structures. »

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