our Benjamin Mary, il était crucial de « prendre le tournant ». « L’épidémie de flavescence dorée qui s’est abattue dans le Bourgueillois m’a conduit à investir dans un équipement de traitement à l’eau chaude, annonce le pépiniériste, installé à Thésée (Loir-et-Cher). Je vais le réaliser sur des greffons et porte-greffes avant le greffage, et il me permettra de fournir des plants sains, sans être contraint, sur notre secteur, d’appliquer d’insecticides contre la cicadelle de la flavescence en pépinière. Les vignerons en bio en sont demandeurs ».
Le traitement à l’eau chaude des plants est réalisé depuis quelques années en Val de Loire, dans des pépinières angevines. « Je suis le premier pépiniériste en Centre Val de Loire à le proposer, souligne Benjamin Mary. Cet investissement m’a déjà apporté de nouveaux clients et c’est un élément supplémentaire dans ma démarche qualité ». Le pépiniériste, qui affiche une production de plus de 750 000 plants par an issus de 30 ha de porte-greffes et de vignes-mères de greffons, produit une part de ses plants en sélection massale, notamment du sauvignon selon le cahier des charges Ceps de la Sicavac (contre les maladies du bois). Il est aussi adhérent à Vitipep’s, la marque de la fédération de la pépinière viticole française.


Un autre pépiniériste du Loir-et-Cher va aussi s’engager dans le traitement à l’eau chaude : Xavier Godeau, basé à Méhers. « J’ai commandé l’équipement. Pour le moment je ne constate pas vraiment de demandes de clients pour ce traitement, mais je pense qu’il va devenir obligatoire, indique-t-il. Les traitements insecticides ne sont pas anodins pour la faune auxiliaire. Ce traitement n’est pas un vaccin, il n’empêchera que des ceps puissent être contaminés au vignoble par une cicadelle porteuse du phytoplasme de la maladie. Mais il me permettra d’assurer une sécurité supplémentaire sur mes bois ».
Benoist Charrier, président du syndicat des pépiniéristes du Loir-et-Cher, se dit en revanche contre le traitement à l’eau chaude. « Il apporte une garantie contre la flavescence. Mais selon moi les champignons responsables de l’esca ne sont pas tués par le traitement ».
Une crainte que ne comprend pas Christophe Deschamps, co président de LoireVinBio et membre du conseil d’administration de la CVVL (Confédération des Vignerons du Val de Loire). « Les champignons responsables des maladies du bois sont tués à 50°C, la température du traitement à l’eau chaude. Ce traitement apporte au pépiniériste l’assurance de ne pas être responsable de contaminations par la flavescence et le bois noir. Pour les vignerons, il est complémentaire des traitements obligatoires en zone délimitée, et de la prospection ». Pour le vigneron bio de Bourgueil, « le traitement à l’eau chaude peut réellement ralentir la propagation de la maladie dans le Val de Loire. Nous sensibilisons les élus de la CVVL sur ce sujet. Nous souhaitons que ce traitement soit obligatoire pour tous les plants dans la région. Si notre position fait consensus, la CVVL soumettra notre requête auprès du préfet du conseil de bassin ».