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A Bordeaux, immersion au coeur de la nouvelle serre "insect-proof" destinée à produire greffons et porte-greffes indemnes de viroses
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Prémultiplication
A Bordeaux, immersion au coeur de la nouvelle serre "insect-proof" destinée à produire greffons et porte-greffes indemnes de viroses

Conditions optimales et surveillance accrue : rien n’est laissé au hasard dans la serre insect-proof, destinée à produire rapidement du matériel végétal sain, qui vient d’entrer en service en Gironde.
Par Pauline Orban Le 26 août 2024
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A Bordeaux, immersion au coeur de la nouvelle serre
Une température de l’air régulée à 27 °C, et 69 % d’humidité : tropicale, l’atmosphère est idéale à l’épanouissement des 1 500 pots de greffons et de porte-greffes disposés sur de longues tables, à un mètre du sol. Merlot, cabernet-sauvignon, cabernet franc, vidocq, floréal, fercal, 110R… Tous sont rigoureusement étiquetés. - crédit photo : Pauline Orban
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Blanquefort, à une centaine de mètres du château Dillon, se dresse un édifice de 800 m2 entièrement paré de verre. Lumineuse et imposante, la nouvelle serre insect-proof, consacrée à la prémutiplication de greffons et de porte-greffes destinés aux pépiniéristes, se dévoile. « Cultiver des plants de vigne hors-sol et sous serre, c’est une grande première et un challenge pour la filière viticole, s’enthousiasme Laurent Bernos, directeur du pôle viticulture-œnologie de la chambre d’agriculture de Gironde. Cette serre est imperméable aux insectes, souvent vecteurs de maladies. Elle est conçue pour produire des greffons et des porte-greffes indemnes de viroses et de flavescence dorée. »

Un sas de décompression

Inutile, pour s’aventurer dans la structure, d’enfiler une combinaison, ou de prendre une douche d’insecticide : un sas de décompression suffit à chasser les éventuels insectes nichés dans les vêtements des serristes ou des visiteurs. Rouge par défaut, le voyant de statut du sas passe au vert après 10 secondes d’attente, et la porte verrée de l’antre du végétal s’ouvre. Des milliers de feuilles à perte de vue. À gauche, la serre du Bureau national de l’interprofession de Cognac, à droite celle de la chambre d’agriculture de Gironde. Une température de l’air régulée à 27 °C, et 69 % d’humidité : tropicale, l’atmosphère est idéale à l’épanouissement des 1 500 pots de greffons et de porte-greffes disposés sur de longues tables, à un mètre du sol. Merlot, cabernet-sauvignon, cabernet franc, vidocq, floréal, fercal, 110R… Tous sont rigoureusement étiquetés.

Tout sur laine de roche

Ici, pas de terre argileuse ou sableuse : les plants poussent sur de la laine de roche. La bâche blanche qui recouvre le sol empêche le développement des adventices, et un rideau occultant habille le plafond de verre. « C’est un pare-soleil, précise Laurent Bernos. Il se déploie quand l’intensité lumineuse dépasse les 500 watts, afin de protéger du soleil les jeunes pousses. »

Température, hygrométrie et fertirrigation… Chaque paramètre est sous contrôle. Agnès Laine, serriste depuis plus de vingt ans, jette régulièrement un œil à son écran. « La température et l’hygrométrie s’affichent en temps réel et en continu. Mais rien ne vaut une écoute attentive », assure-t-elle. Le clapotis des quatre pompes doseuses se fait entendre. La fertirrigation vient de se déclencher. « Chaque plant reçoit 35 ml d’eau et de nutriments, six fois par jour, explique la technicienne. L’eau s’infiltre dans la laine de roche, les racines pompent ce dont elles ont besoin et l’excédent s’écoule par-dessous ».

Une brise légère se fait alors sentir, au niveau de nos jambes. Un courant d’air ? Dans une serre insect-proof ? Pas du tout : ce sont les ventilateurs qui viennent de s’enclencher. Sous chaque table, à une vingtaine de centimètres du sol, est fixé un imposant tube en plastique blanc, qui se gonfle puis laisse échapper au travers d’une multitude de petits trous un filet d’air frais et humide. « La température a dépassé les 25 °C, il faut refroidir la serre », indique Laurent Bernos. Au-dessus de nous, une quarantaine de fenêtres de toit s’entrouvrent. Tels des accordéons, des filets anti-insectes – d’une maille de 0,5 mm x 0,6 mm – suivent le mouvement. La notion d'« insect-proof » prend alors tout son sens.

Une mise en serre sans vice

Le 25 juin, cette serre a reçu ses premiers greffons et porte-greffes, arrivés tout droit de l’IFV, au Grau-du-Roi. Un mois plus tard, ces plants ont développé une dizaine de feuilles chacun. Ronan Jehanno, chef du matériel végétal à la chambre d’agriculture de Gironde, et les serristes Agnès Laine et Aurélien Perousset, se relayent chaque jour, sept jours sur sept, pour les observer. Et les bichonner. Une pousse ploie sous son propre poids ? Agnès Laine se munit d’une agrafe et la clipse au fil palisseur. Certaines feuilles présentent un début de carence en calcium ? La technicienne annote le programme de fertilisation : ajouter du nitrate de calcium. Ici, rien n’échappe aux serristes.

« Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre sur la culture en serre, même si nous nous appuyons sur l’expérience de l’IFV dans ce domaine, souligne Laurent Bernos. Les premiers plants devraient être greffés au printemps 2026 par nos pépiniéristes partenaires. À terme, nous espérons pouvoir fournir 100 000 greffons et porte-greffes par an. Pour le moment, on surveille leur croissance. »

Afin de protéger davantage du soleil leurs pensionnaires, le directeur prévoit d’ores et déjà de blanchir à la chaux les façades transparentes de l’édifice. Ce qui ne sera pas pour déplaire aux oiseaux, qui pensent régulièrement pouvoir voler au travers… et percutent de plein fouet la barrière vitrée.

 

D’autres serres en projet

Ce modèle de serre insect-proof de prémultiplication séduit, et d’autres sites vont voir le jour. À Oger, dans la Marne, celle du projet Qanopée devrait recevoir ses premiers plants l’année prochaine, et alimenter à terme les pépiniéristes de Champagne, de Bourgogne, de Franche-Comté et du Jura. Deux autres sont en projet, l’une dans l’Aude, l’autre dans le Sud-Ouest. « L’objectif est de produire le matériel végétal propre à chaque région, et de servir de secours aux autres en cas de catastrophe », précise Laurent Barnos, à la chambre d’agriculture de la Gironde.

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