ette saison 2024 n'a presque rien épargné aux vigneronnes et vignerons du Lot-et-Garonne. Le gel, la grêle et le mildiou ont grignoté une partie de la récolte. Cependant, au 22 août, Christophe Avi, président des vignerons indépendants du département, observe, soulagé, que pour les vignes qui ont résisté aux assauts du climat, une « belle récolte qualitative » est encore possible. Le propriétaire d’un vignoble de 24 hectares, à cheval sur les appellations Buzet et Brulhois, assure pourtant que l'année a été « techniquement compliquée ». La saison « a commencé tôt, avec un premier traitement sur mon domaine au 14 avril. Le mois d'avril a été cahotique avec trois épisodes de grêles. Le printemps a été très humide. L'herbe poussait plein pot et la pression du mildiou était forte. »
Christine Rives-Resses, technicienne viticole à la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne, constate des situations hétérogènes d'un vignoble à l'autre, s'agissant du développement du mildiou. « Mais en général, il a été contenu, au prix de nombreux traitements », glisse la technicienne viticole. « Il n'y avait pas de samedi, pas de dimanche, pas de nuit. C'est la vigne qui prime », confirme Christophe Avi, qui, le 22 août a réalisé son 20ème traitement sur son domaine en bio et conversion bio.
Malgré la qualité observée sur les pieds, Christine Rives-Resses s'attend, en quantité, à une récolte inférieure à la moyenne du département (environ 350 000 hectolitres pour 6 000 hectares). « On a eu un automne et un hiver sec. Puis, un printemps frais et très pluvieux. Entre janvier et mai, les cumuls de pluie ont atteint 500 mm par endroit. » Et la technicienne de poursuivre : « un gel printanier tardif a touché le département les 23-24 avril ». L'est du Lot et Garonne, sur la zone IGP Thézac-Perriquard, a été très impacté. « Certains ont gelé à 50%, d'autres à 90% », signale la technicienne viticole. Les vignerons ont également vu le potentiel de récolte diminuer suite à la floraison. « On a observé de la coulure et du millerandage notamment sur merlot, malbec, abouriou », rappelle Christine Rives-Resses. La saison a été aussi marquée par « au moins six orages de grêle et de fortes pluies », ajoute encore la technicienne de la chambre d'agriculture. Celui du 11 juillet a touché l'appellation Duras. « Sur cette zone, j'évalue les pertes liées à la grêle à 50%. Sur le secteur Esclottes-Savignac, cela s'élève, en moyenne, à 90% de pertes. »
Pour le moment, sur son secteur, Gilbert Bonnet, président de la fédération des vins agenais et Côtes du Marmandais, estime le potentiel de récolte « entre -20% et -30% » par rapport à une année normale. Ce millésime ne devrait donc pas être au rendez-vous sur les quantités. Mais, comme Christophe Avi, Gilbert Bonnet remarque que les conditions sont réunies pour faire une récolte de qualité. « La maturité du raisin demande de l'amplitude thermique, avec des nuits fraîches et des journées ensoleillées et c'est ce qui s'est passé au mois d'août. C'est très bien, il faut que cela continue comme ça, avec un peu d'eau avant les vendanges », insiste le vigneron qui prévoit un début de récolte des blancs autour du 10 septembre, avant les rouges autour du 20 septembre.