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"Les tonneliers observent avec inquiétude les difficultés de la filière vin"
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Magdelaine Allaume
"Les tonneliers observent avec inquiétude les difficultés de la filière vin"

Quand le vignoble éternue, ses fournisseurs s’enrhument. Le point avec Magdelaine Allaume, la nouvelle présidente de la Fédération des Tonneliers de France (57 entreprises pour 1 830 salariés ayant commercialisé un chiffre d’affaires de 589 millions d'euros d'avril 2022 à mars 2023, dont 67 % à l'export).
Par Alexandre Abellan Le 17 août 2024
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S’il y a une baisse globale de la consommation, « il y a encore quelques pays ou consommation reste soutenue ou continue de progresser » pointe Magdelaine Allaume. - crédit photo : Jonathan Photography.
A

lors que les tonneliers s’inquiètent de ne plus avoir accès à des prix compétitifs à leur matière première, le chêne, quelle est la ligne directrice de votre mandat ?

Magdelaine Allaume : Nous avons une feuille de route qui s’articule autour de trois thématiques. Premièrement le bois, que nous travaillons avec le syndicat des merrandiers. L’enjeu reste l’accès équitable à la matière et nous proposons six évolutions pour lever les risques. Le prix est un sujet important, mais c’est vraiment un problème d’accès équitable à la matière [du bois de chêne]. Il y a un risque, nous voulons faire entendre la voix de la tonnellerie et de l’ensemble de la filière des vins et spiritueux. Nous représentons la majorité de la valeur ajoutée du secteur, nous devons être entendus. Il faut un accès à la matière en bonne intelligence avec les acteurs de la forêt.

Deuxièmement la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Nous sommes sensibles aux enjeux de souveraineté et d’environnement comme les vignerons. Nous travaillons des matériaux naturels qui vont sans doute souffrir du changement climatique et nous vivons la sensibilité à la météo. Nous menons un groupe de travail avec les acteurs de la tonnellerie pour identifier les sujets à travailler en filière. Pour que les tonneliers de toute taille travaillent la RSE, alors que ce n’est pas toujours évident pour les petites structures de se fixer une trajectoire carbone par exemple.

Troisièmement, il y a un enjeu d’animation de filière pour savoir comment faire venir des gens dans nos métiers de la tonnellerie et de la merranderie. Il y a la formation et l’attraction des jeunes pour booster le recrutement et gagner en visibilité. En gardant un patrimoine moderne, on le fait rentrer dans l’époque et ça donne une image positive. Nous sommes une partie prenante de la filière des vins et spiritueux. Il faut travailler pour que nos métiers multiséculaires restent au service des vins en assurant la pérennité de la production de tonneaux en France.

 

La déconsommation de vin dans le monde fait-elle peser un risque existentiel sur l’avenir de la tonnellerie hexagonale ?

A terme, l’enjeu de la moindre consommation de vins rouges pourra avoir un impact sur notre filière. Ça fait partie des enjeux. Il est important pour nous de défendre l’élevage en fûts de chêne dans la logique de pérennisation de notre filière de transformation. Nous devons voir comment nous adapter pour exister encore dans 10 ou 100 ans. C’est un métier millénaire. Nous devons conserver une certaine taille d’activité pour ne pas nous rétracter et manquer de talents ou de matière. Les tonneliers observent avec inquiétude les difficultés de la filière vin. Ces incertitudes nous touchent aussi. Nous espérons que des mesures vont permettre de retrouver de la sérénité.

 

Des tonneliers sont-ils déjà en difficulté économiques, comme des domaines ayant de moins en moins de trésorerie ?

On peut parler de difficultés : l’année sera difficile pour les clients et pour nous.

 

La tonnellerie souffre-t-elle des délais de paiement de vos clients vignerons, qui ne cessent de les allonger ?

Dans la mesure où l’on redoute une certaine fragilité de la filière, nous allons être vigilants dans l’écoute des clients. Nous sommes nous aussi mis à rude épreuve avec la hausse des cours du bois que nous portons depuis trois ans dans nos bilans et qui ne sont pas totalement répercutés sur les prix de vente. Pour le moment, c’est dans les stocks et c’est porté dans nos bilans. Ça nous rend sensibles aux sujets de paiement. Ce n’est pas propre à la fédération des tonneliers, mais c’est partagé par toutes les entreprises touchées par l’inflation, la hausse des taux d’intérêt… Ce qui va été compliqué, c’est que la hausse des cours du bois ne s’est pas calmée et que nos clients ne sont pas dans une période facile, qui permettrait de facilement monter les prix.

 

Dans de récentes études de consommateurs, il apparaît que les consommateurs ne sont pas séduits par la mention "élevé en fûts de chêne" et l’idée de vin boisé, mais plébiscitent dans les faits les vins passés sous bois...

L’enjeu est de partager la connaissance du bois et du vin, pour expliquer aux jeunes consommateurs en quoi le bois peut avoir un apport positif pour les vins et spiritueux. Il y a eu et il peut encore y avoir des usages imparfaits. Mais quand on maîtrise l’élevage, cela apporte par touche des choses magnifiques. C’est tout l’intérêt de notre travail pour le vin.

 

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Tous les commentaires (2)
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Maxime Le 18 août 2024 à 23:11:03
À force de monter les prix de 10% chaque année, rien de surprenant que les vignerons ne puissent plus suivre.
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augustin Le 18 août 2024 à 04:47:39
interview intéressante et qui pourrait utilement être complétée par quelques chiffres : la baisse de l activité en France le report vers l export, l'école des alternatifs type copeaux chips staves. Mettre du bois dans le vin et non du vin dans le bois ... Rappelons que la barrique a 1000 euros pour boiser 300 bouteilles de 75 cl ... c est 3.33 euros par col.Meme avec rotation sur 3 ans ...plus d un euro par col ...Et valeur résiduelle quasi à 0 euros . Est ce bien toujours raisonnable ? Notamment pour les petits châteaux...Magnifique heritage que ces forêts de chêne français apportant toujours boisage fin et dénué de tous excès...Mais les chiffres sont là et le coût devient prohibitif, d autant que l entretien d un parc barriques est très méticuleux et requiert main d oeuvre et outillage spécialisés.
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