éférençant des producteurs de vin nature dans le monde (3 112 au total, dont 1 472 en France), le site Raisin affiche une soixantaine de petites annonces de vente et une quinzaine d’achat de raisin bio, vin "nature" oblige. Pour chacun, les mêmes infos : coordonnées, cépages et volumes concernés. Les domaines sont répartis partout en France, voire en Espagne, avec un point commun : tous ont des cuvées répertoriées par Raisin comme « vin naturel ».
C’est à cette petite « communauté » que l’équipe du fondateur Jean-Hugues Bretin a pensé en créant en mai ce service gratuit*. N'y-a-t-il pas de contradiction entre vin « nature » et négoce ? « A l’origine, oui. Mais avec la multiplication des aléas climatiques, les vignerons ont commencé à acheter du raisin », observe Jean-Hugues Bretin, à la faveur de dérogations des douanes. « C’est gênant chez ceux qui en ont fait une locomotive de leur fonctionnement. On les connaît, certains font ça très bien, mais on ne sait pas très bien comment le gérer. Nous, on défend le vin d’artisan et de terroir, et on propose ce service comme un palliatif pour ceux qui sont pris de court à cause du climat. »


Pour Vivien Helelsdael (clos des Jarres, Languedoc), « c’est une autre façon de trouver des gens à qui vendre du raisin ». Lui en vend déjà tous les ans à des voisins, en plus de ceux qu’il apporte en cave Coop et ceux qu’il vinifie. Je n’ai pas encore eu de contact, mais les vendanges sont encore loin. En tout cas, c’est une bonne idée, surtout pour cette année : je pense que ça va être plus difficile de vendre du raisin, les vignerons ont du stock de vin à vendre… »
Hélène Ponty (domaine Ponty, Gironde) fait ainsi partie des acheteurs de raisin. « Pour compléter la récolte de 2024, en grande partie perdue à cause de la grêle », écrit-elle sur le site. Mais aussi pour « tester d’autres cépages, et notamment des blancs. J’envisage d’en planter, mais je n’en ai jamais vinifié. Ça sera l’occasion de me faire la main, avec des cuvées plus « fun » bien séparées de celles du domaine… » Elle n’a pas encore fixé son choix, mais remarque que la solution intéresse « des jeunes vitis » : « Ils seront payés plus vite que par le négoce, sans les frais de vinification ni même de vendanges à gérer. Cette option peut aider ceux qui viennent de s’installer », imagine-t-elle. « Et puis ça permet de nouer des relations, c’est sympa. » Une seule chose l’inquiète : la logistique. «Il faut les bonnes caisses, réfléchir au transport des raisins, des vendangeurs, etc. Une de mes amies va chercher du raisin dans les Corbières, au milieu de ses vendanges, je ne sais pas comment elle fait !»
* : Le référencement simple est gratuit (mais réservé aux vins naturels selon les critères de Raisin), une offre de page vitrine est ensuite possible (contre abonnement de 249 €/an).