e millésime 2023 a laissé de mauvais souvenirs aux vignerons d’Irouléguy. Pour devancer le mildiou cette année, ils ont traité dès le début de mois d’avril. « Les 50 % qui cultivent en bio sont partis avec 100 à 150 grammes de cuivre métal par hectare » rapporte Anne Betbeder, qui parcourt une partie des 250 hectares de l’AOC chaque semaine. « Depuis, ils ont très bien tenu les cadences et sont sortis avant chaque pluie, continue la coordinatrice du syndicat. La pression est forte et je vois de la sporulation apparaître sur des bouts de grappe depuis une dizaine de jours mais, à aujourd’hui, la situation est maîtrisée. Il y a des taches par ci par là sur feuilles, mais c’est bien plus sain que l’année dernière » assure-t-elle. Lors de son dernier comptage ce 3 juillet, Anne Betbeder a estimé la fréquence d’attaque sur grappes à 5 %, « 10 % maximum sur les parcelles les plus touchées ».
« J’ai un peu de mildiou sur tannat, mais ce n’est rien comparé à 2023 » confirme Gexan Costera, vice-président du syndicat. Vigneron en bio sur 8 hectares au domaine Ametzia, à Saint-Étienne-de-Baïgorry, il a déjà traité 14 fois, appliquant au total 3,5 kg de cuivre par hectare, et pense finir à 18, comme l’année dernière.
« Tout le monde est en au moins à 12 », confirme Anne Betbeder, déplorant que la limitation des 4 kg par hectare, soit « très compliquée à gérer et mette une grosse pression aux viticulteurs ».
« 2023 mis à part », Anne Betbeder remarque aussi un peu plus de black-rot que lors des millésimes précédents. « Pour l’instant, il y a une tache toutes les 100 feuilles, cela reste tout à fait acceptable » relativise-t-elle. La technicienne est plus surprise de la coulure et du millerandage. « Nous sommes habitués à en voir un petit peu sur tannat, plutôt vigoureux, avec de grosses grappes, mais cette année cela concerne tous les cépages rouges, dans une ampleur assez importante sur certaines parcelles » témoigne-t-elle, reliant le phénomène aux pluies intervenues pendant la floraison, et à la fraîcheur, qui a en contrepartie aidé à contenir le mildiou.
La vendange sera-t-elle impactée ? « C’est trop tôt pour le savoir, tout dépend de la météo de l’été et du chargement en jus des baies » répond Anne Betbeder. « On pourra déjà se faire une petite idée d’ici 15 jours » complète Gexan Costera, précisant que la fraîcheur a également freiné le développement de la vigne. « Nous commençons à rogner avec trois semaines de retard. »
Autre fait marquant de la campagne : l’orage de grêle ayant abîmé 63 hectares de vignes plantées entre Saint-Étienne-de-Baïgorry et Irouléguy le 5 mai dernier. « A l’époque, nous avions évalué l’intensité moyenne des dégâts à 3 sur une échelle allant de 1 à 4 (4 correspondant à des pieds ravagés à 100 %) » se souvient la coordinatrice du syndicat. « Les vignes touchées commencent à reprendre des couleurs et de la vigueur, mais la grêle a forcément amputé la récolte et va compliquer la taille » regrette-t-elle.