rutal, l’orage de la nuit du lundi 17 au mardi 18 juin sur le Nord du Médoc a touché 134 exploitations viticoles sur 1 100 hectares de vignes avec 30 à 50 % de dégâts en moyenne sur les communes girondines de Queyrac et Gaillan, 780 ha avec 50 à 70 % de dégâts sur Valeyrac et 33 ha de vignobles totalement détruits à plus de 90 % (sur la commune de Jau-Dignac). « Le gradient entre les zones [à plus de 90 % et 30-70 % de dégâts] est tombé sur Jalle où l’on trouve beaucoup de grandes cultures et d’élevage » note Hélène Larrieu, la directrice des AOC Médoc, Haut-Médoc, Listrac-Médoc, notant des dégâts assez variables selon l’orientation des rangs, rendant les dégâts difficiles à estimer.
L’impact de l’orage de grêle pourrait aller au-delà des feuilles hachées et grappes lacérées, la coulure pouvant s’y ajouter, comme le craint Sébastien Couthures, président de la cave coopérative Uni Médoc (130 adhérents à 960 hectares). « On était au stade petit pois/grain de plomb, les grappes n’étaient pas totalement formées et fermées » rapporte le viticulteur sur la commune de Valeyrac. Ayant plus d’une vingtaine d’adhérents touchés par la grêle, Uni Médoc s’attend à une baisse de production en 2024, comme l’ensemble de l’AOC Médoc : « sur une appellation de plus de 5 000 ha, ce n’est pas négligeable » résume Sébastien Couthures.


D’ampleur, cet orage de grêle n’est pas une première pour le vignoble médocain. « Ce n’est malheureusement pas inhabituel. Il y a quasiment un orage de grêle tous les ans [sur le Médoc], pas forcément dans cette zone (en 2014 et 2018 plus au Sud, en 2022 sur Listrac…) » analyse Hélène Larrieu, citant l’orage du 18 juillet 2017 sur le même couloir que celui du 18 juin 2024. Face à ces aléas climatiques, l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) aimerait un soutien financier des communes à la protection contre la grêle, via l’Association Départementale d'Études et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques de la Gironde (ADELFA 33).
Sans rentrer dans le débat des systèmes de protection (le vignoble de Saint-Émilion semblant s’être globalement mieux sorti de l’orage grâce à son recours aux ballons antigrêles de Selerys), Sébastien Couthures note que l’orage venait de l’océan et rend la protection plus difficile, même si des signes semblent montrer son efficacité : « il y a eu de plus gros grêlon sur le littoral, à Naujac et Hourtins, que dans le secteur du viticole du Médoc. Et on constate qu’il n’y a pas eu de voitures cabossées chez nous, c’est factuel. »
Avec les dernières pluies, la pression mildiou reste élevée dans le vignoble médocain. « Depuis le début de la saison, ça ne baisse pas » résume Sébastien Couthures, qui note que les vignes sont relativement saines dans le Nord du Médoc, la protection du vignoble tenant, mais coûtant aussi beaucoup. Les traitements phytosanitaires nécessaires pèsent sur les trésoreries vigneronnes, avec « une usure du moral qui se combine au contexte économique, à la grêle... C’est un cumul » liste le président d’Uni Médoc. Alors que le marché des vins reste atone, en volumes et en prix, « on peut faire dos rond pendant un certain temps seulement. Nous devons revoir nos pratiques, nos surfaces, nos ambitions… Mais pas baisser la voilure pour la commercialisation. Il faut deux fois plus d’investissement pour vendre du vin qu’il y a 5 ans » martèle Sébastien Couthures. Si le plan d’arrachage sanitaire de la Gironde concernerait 60 hectares en Médoc, « il y a visuellement beaucoup de surfaces arrachées hors plan. Il y avait eu en 2023 une légère baisse, en 2024 on verra les chiffres à la déclaration de récolte » conclut le viticulteur.
Si les baies touchées par la grêle devraient se dessécher, celles épargnées pourraient aussi être touchées par la coulure. Photo : ODG Médoc (Hélène Larrieu).