ans cette période difficile qui ne cesse de s'envenimer, les courtiers déclarent leur soutien à la filière vin. « On est pour l'équilibre de la transaction, on n'est pas des prédateurs, notre métier c'est autre chose » pose en conférence de presse Jérôme Prince, le président de la Fédération Nationale des Syndicats de Courtiers en Vins et Spiritueux de France, à l’occasion de son soixante-huitième congrès national (ces 23-25 mai en Provence). Le courtier bourguignon reconnaissant que « souvent on nous voit comme des gens qui piquent 2 à 3 % de commission, mais ce n’est pas ça. […] Ce qui est important pour nous, c'est d'apporter objectivement une information. On connait les stocks, on connaît nos clients acheteurs. On a un peu d'expérience quand même. Je pense que le négoce attend de nous aussi qu'on le répercute au viticulteur. »
Dans cette phase de transition, les courtiers font plus de social que d’économie dans les vignobles en crise. « À Bordeaux, où il y a trop de superficie, il va y avoir un nettoyage. Nous sommes là pour accompagner ce nettoyage » indique en conférence de presse Xavier Coumau, courtier à Bordeaux et premier vice-président de la fédération nationale, qui reconnaît que l’« on ne peut sauver tout le monde. Du coup, on essaie d’avoir cette clairvoyance, d'essayer de sauver les personnes qui ont de l'avenir et d'accompagner celles qui doivent arrêter. C’est de la pédagogie, c'est de l'accompagnement, à défaut de pouvoir faire beaucoup d'affaires. »


« À Cognac, on vient de passer 15 ans magnifiques. On va certainement passer 3 à 5 années plus compliquées » avance Patrick Beguin, courtier charentais et deuxième vice-président de la fédération nationale, qui prône la prise de recule auprès des viticulteurs : « quand ils sont dans le tunnel, ils ne pensent plus à en sortir. La prévention, ça évite peut-être des investissements au mauvais moment, des mauvais choix. » Car dans tous les cas, il faut « éviter les surréactions » en temps de crise ou de réussite « puisque dans notre vie on ira toujours dans un sens et dans l'autre »
« Il faut être mesuré parce que ça va vite, les évolutions et dans tous les sens » abonde Jérôme Prince, confirmant que « c'est pour ça que nous sommes un élément modérateur dans la transaction, c'est à dire qu'on est on évite d'être excessif. Et on essaie de calmer, de stabiliser les choses. » Même si concrètement, « on est à égalité avec nos opérateurs. On souffre comme eux. C'est vrai qu'on nous dit : "vous, vous n’avez pas de propriété, vous n’avez pas de stock, vous vous êtes libre, vous pouvez arrêter du jour au lendemain". Mais on n’a aucune aide. C'est à dire que dans cette souffrance, on est tout seul » témoigne Xavier Coumau, ajoutant qu’« il y a déjà de la casse à Bordeaux. Il y a des négociants qui sont en perdition. Il y a des viticulteurs qui arrêtent, mais il y a aussi des courtiers qui cessent leur activité. Il n’y a pas de reprise. »


Voulant voir le verre à moitié plein, « je suis hyper positif parce que je fais partie des vieux » pointe Jérôme Prince qui en a vu d’autres : « j'ai galéré. Les années 1990 ont été horribles pour beaucoup de gens. L'année 2004, ce n'était pas bon en Bourgogne, j'ai fait quasiment 0 alors que j'avais 15 ans de métier. On a donc ce recul. » Ou ce fatalisme. Car en temps de crise, « c'est la loi de la jungle » pointe Xavier Coumau, pour qui « c'est notre pouvoir d'adaptation » qui permettre de surmonter les difficultés, alors que « celui qui va rester sur la tradition, il ne va pas s'en sortir. »