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Capter le CO₂ fermentaire, la meilleure parade aux accidents dans les chais
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Prévention
Capter le CO₂ fermentaire, la meilleure parade aux accidents dans les chais

Le dioxyde de carbone présente un risque mortel pour ceux qui travaillent dans les chais. Pour le prévenir, des exploitations et caves ont fait le choix de la captation à la source du CO₂, une mesure fortement conseillée par la MSA. Ils nous expliquent leur choix et sa mise en œuvre.
Par Eléonore Lebaron Le 03 juillet 2024
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Capter le CO₂ fermentaire, la meilleure parade aux accidents dans les chais
Marine Descombe ici avec son frère, François Descombe et son mari Kevin Jandard a investi dans un nouveau chai dont les cuves sont toutes équipées de piquages dans leur cheminée pour capter le CO2 durant la fermentation - crédit photo : FUSINA Dominik / Descombe
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orsque Marine Descombe, propriétaire du Château de Pougelon à Saint-Étienne-des-Oullières, dans le Beaujolais, s’est décidée à refaire son chai, elle s’est préoccupée du risque CO2. « C’est un sujet important pour nous, explique-t-elle. On a aussi réfléchi à l’ergonomie et à nos espaces de travail. »

Aération du cuvier tous les matins

Pour mener à bien son projet, Marine Descombe a fait appel à Jacques Vermorel. Aujourd’hui à la retraite, ce conseiller de la MSA l’a convaincue de l’intérêt de capter le CO2 à la source. « C’est vrai que de sortir le CO2 du chai, c’est quand même une tranquillité d’esprit », déclare-t-elle. Ce qui ne l’empêche pas d’aérer son cuvier tous les matins durant les vendanges. « On a deux grands portails en bois qu’on ouvre le matin quand on arrive. »

Mis en service en 2022, son nouveau chai occupe 800 m2 sur un seul niveau qui accueille des cuves de 38 à 50 hl. Toutes ces cuves sont équipées de piquages dans leur cheminée pour capter le CO2 durant la fermentation. « Après l’encuvage, on branche des tuyaux souples, d’un côté sur les piquages et de l’autre sur des tuyaux en inox qui sont fixés au mur à l’arrière des cuves et qui évacuent gravitairement le CO2 à des points bas du cuvier. On vérifie que les branchements sont bien faits et l’intégrité des tuyaux. Ensuite, durant la fermentation, il n’y a rien de particulier à faire », poursuit-elle.

Le choix de l'inox

Pourquoi des évacuations en inox plutôt qu’en PVC ? « C’est sûr, cela aurait été moins cher et suffisant d’installer du PVC, répond la vigneronne qui ne souhaite pas communiquer le montant de son investissement. Mais l’inox, c’est plus durable, plus hygiénique et plus facile à nettoyer et à entretenir. Surtout, cela nous permettra de faire évoluer l’installation pour une réutilisation du CO2. »

Comme il est d’usage dans la région, cette propriété, qui produit environ 1 100 hl/ha, vinifie la majorité de ces raisins en grappes entières.

Si l’installation de captage a réduit les risques d’accidents dans la cuverie, Marine Descombe est bien consciente qu’elle ne diminue en rien le risque lors du décuvage « parce qu’on entre dans les cuves, explique-t-elle. On fait donc toujours très attention. On a des ventilateurs hélicoïdaux mobiles. Dès qu’on ouvre une cuve, on en met un pour bien évacuer le gaz. On le laisse tourner pendant un certain moment pour être sûr qu’il n’y ait plus de CO2 avant d’aller décuver. Et de toute manière, il faut attendre que le jus s’écoule. Ainsi, on n’entre jamais dans les cuves aussitôt après les avoir ouvertes ». Dernière précaution : « On ne travaille jamais seul. On est toujours au moins en binôme. »

Un investissement conséquent

À Châteauneuf-du-Pape, Franck Ferraton, directeur et œnologue de la SCA La Grenade, prévoit d’investir dans le captage à la source. L’installation est en cours d’étude. Elle sera finalisée, au moins en partie, pour les vendanges 2025. Cette coopérative vinifie environ 10 000 hl par an, en prestation de services pour douze viticulteurs, dans un chai gravitaire à trois niveaux, dont le plus bas est semi-enterré. Franck Ferraton est convaincu que le captage du CO2 à la source améliorera la sécurité de ses salariés : « Même si on ventile la cave, tout le CO2 y passe avant d’être évacué à l’extérieur. Et si on le capte, peut-être qu’on pourra le compresser et le réutiliser pour inerter les cuves en élevage. »

Pour capter le CO2, la cave se prépare à un investissement conséquent. « Pour équiper 25 cuves de 150 à 200 hl, soit un tiers de notre cuverie de vinification, nous pensons en avoir pour 20 000 €, indique Franck Ferraton. Mais nous attendons encore des devis et, comme nous avons signé un contrat de prévention avec la MSA, nous espérons la prise en charge de 40 % de ce coût. C’est sûr, ce serait moins cher et plus simple d’équiper une cuverie lors de son installation. »

Des extracteurs d'air en attendant

En attendant, la sécurité repose sur des extracteurs d’air en place depuis une vingtaine d’années. « Le chai fait 1 000 m2. On a trois extracteurs, détaille l’œnologue. Des programmateurs les déclenchent tous les jours à 4 heures du matin et en début d’après-midi. Durant les vendanges, on commence le matin à 7 heures. Les extracteurs ont donc tourné pendant trois heures avant l’arrivée des salariés. L’air est bien renouvelé. C’est efficace. »

Cette coopérative emploie quatre permanents et six saisonniers durant les vendanges. « On forme les saisonniers pendant une demi-journée, indique Frank Ferraton. On leur explique que le CO2, c’est un danger mortel. On leur fait peur. » Comme le chai est ventilé, ce danger se présente surtout lors des décuvages et des soutirages. « On pratique le décuvage à l’ancienne. Il faut entrer dans les cuves pour sortir le marc. Avant d’y entrer, on ventile les cuves à l’aide d’un ventilateur hélicoïdal qu’on pose en haut de celles-ci et qu’on déplace de cuve en cuve. Le décuveur entre avec un détecteur mobile de CO2 et le porte sur lui tout au long de l’opération », décrit-il.

La SCA La Grenade est équipée d’un détecteur portable Gasman Crowcon. « Au prix de 800 €, il est très simple d’utilisation, s’accroche à la ceinture et se recharge rapidement. Il y a deux seuils d’alerte fixés par le constructeur. Une première alarme sonne quand il y a plus de 1,5 % de CO2 dans l’air et une deuxième au-delà de 3 %. » De quoi travailler en sécurité.

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