rès régulièrement, le dioxyde de carbone est responsable d’accidents dans les chais. Tant que la concentration en CO2 dans l’air ambiant reste inférieure à 2 %, les risques sont faibles mais « si vous avez 10 ou 12 % de CO2, il suffit d’inspirer deux fois et vous avez la tête qui tourne, les jambes en coton et le cœur qui s’accélère. Après trois inspirations, vous êtes par terre. Au bout de cinq, vous êtes mort », avertit Alain Viard, conseiller en prévention de la MSA 44-85.
Pour prévenir les accidents, les détecteurs portatifs de CO2 s’avèrent essentiels. Dernier en date, le DS CO2 de Dujardin-Salleron est commercialisé depuis l’an dernier. Cette entreprise garantit une fabrication 100 % française et la disponibilité des pièces de rechange à long terme. « Et comme nous maîtrisons la conception de l’appareil, nous pourrons le faire évoluer selon les retours de nos premiers clients », ajoute Laurent Dubreuil, le directeur général.
Avant de se lancer, Dujardin-Salleron a enquêté auprès des viticulteurs. « Beaucoup nous ont dit qu’ils n’utilisaient pas leur détecteur car ils oubliaient de le recharger. De ce fait, il ne fonctionne pas au moment où ils en ont besoin ou s’éteint alors qu’ils sont en plein travail. Nous avons donc conçu un appareil qui dispose d’un mois d’autonomie après une recharge », affirme Laurent Dubreuil.
Le DS CO2 est moins compact que ses concurrents, ce qui ne semble pas être un problème pour Antoine Gruau, commercial chez Dujardin-Salleron : « Plus l’appareil est petit, plus les gens ont tendance à le mettre dans la poche alors qu’il faut le porter à la ceinture pour un bon fonctionnement. »
Cet appareil aura fort à faire dans un marché dominé par Gasman de Crowcon, si l’on en croit Be Atex, entreprise spécialisée dans la prévention des risques liés aux gaz et distributrice de ce détecteur. « C’est un modèle très répandu, on en vend 300 à 400 par an dans le milieu vinicole, indique Grégory Galissaire, responsable commercial Nouvelle-Aquitaine. Il est robuste, compact et simple d’utilisation. » Cependant, son autonomie est bien moindre que celle du DS CO2 car il faut le recharger tous les soirs après utilisation.
Be Atex distribue également BW Solo d’Honeywell. « Nous en vendons 150 à 200 unités par an, relate Grégory Galissaire. Il est peut-être un peu plus ergonomique que le Gasman mais, surtout, il est à pile et non à batterie et offre ainsi un mois et demi environ d’autonomie. Néanmoins, seule la pile vendue par Honeywell est utilisable et son coût n’est pas négligeable. »
Expert en détection de gaz et en protection respiratoire, l’entreprise GazDetect distribue, elle, le iGas CO2 de Senko. « Nous vendons une centaine d’appareils de ce type par an », précise Didier Collin, gérant de GazDetect. L’appareil a juste deux boutons : « l’un pour l’allumer et l’éteindre et l’autre pour afficher la valeur maximale de CO2 à laquelle un utilisateur a été exposé durant son fonctionnement ».
Tous ces détecteurs sont équipés d’un capteur à infrarouge « qui est beaucoup plus réactif et robuste que les anciens capteurs électrochimiques », affirme Alain Viard, de la MSA. Tous affichent la concentration en CO2 dans l’air sur un petit écran, soit en pourcentage, soit en ppm (partie par million, à diviser par 10 000 pour avoir le pourcentage) et commencent à biper au-delà d’un certain seuil.
Avec Gasman, BW Solo et iGas CO2, ce seuil est à 0,5 % de CO2 dans l’air. Un niveau que les fabricants n’ont pas choisi par hasard. En effet, 0,5 % c’est la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP), c’est-à-dire la concentration moyenne en CO2, en 8 heures de temps de travail, au-dessus de laquelle un salarié ne doit pas être exposé. Signalons que ce seuil est très régulièrement atteint dans les chais, sans que les opérateurs soient empêchés de travailler.
À la différence des autres détecteurs, le DS CO2 bipe dès 0,1 % de CO2 dans l’air. « Cette valeur est très souvent atteinte dans les chais. Quand c’est le cas, notre détecteur sonne toutes les 6 secondes. Nous estimons que ce n’est pas très gênant et que ça rassure les utilisateurs sur le fait que l’appareil est bien en fonctionnement », explique Laurent Dubreuil.
Ces signaux deviennent ensuite de plus en plus fréquents avec la hausse de la teneur en CO2, jusqu’à 1 % pour iGas CO2 et DS CO2, et 1,5 % pour les deux autres. Il faut alors cesser son travail même si ces seuils correspondent à « une marge de sécurité par rapport à ce qui est préconisé », indique Didier Collin. En effet, « l’Anses recommande de ne pas dépasser cinq fois la valeur de la VLEP (0,5 %) sur une durée de 15 minutes. Il est donc recommandé de ne pas exposer un salarié à plus de 2,5 % de CO2 », précise Bruno Courtois, expert assistance conseil de l’INRS.
Légers et compacts, ces détecteurs pèsent entre 100 et 170 g, selon les modèles, et sont étanches à l’exception du DS CO2 qui ne bénéficie d’aucune protection contre l’eau. Dujardin-Salleron justifie cela par le fait que la mesure de CO2 nécessite une entrée d’air dans le boîtier. Encore un trait qui distingue le nouveau venu de ses concurrents.
Avant chaque utilisation, il faut vérifier le niveau de la batterie ou de la pile. Autre test : « Emportez votre détecteur à l’extérieur où il doit mesurer 0,04 % de CO2 : c’est la concentration normale en dioxyde de carbone dans l’air ambiant », explique Alain Viard, conseiller prévention à la MSA 44-85. Si ce n’est pas le cas, il est essentiel de le ramener à votre revendeur afin qu’il le recalibre. « Un détecteur doit être fiable. Dès 20 à 30 % de dérive, le risque d’accident devient très important », pointe Alain Viard. Quoi qu’il en soit, il est impératif de prévoir une maintenance annuelle qui coûte autour de 50 €. Avant d’entrer dans une cuve, il faut la ventiler puis contrôler son niveau de CO2. Pour ce faire, accrochez le détecteur au bout d’une ficelle et descendez-le jusqu’au fond de la cuve, là où le CO2 s’accumule. S’il sonne de façon quasi continue, n’entrez pas dans la cuve et continuez à la ventiler. Lorsque le niveau en CO2 est sans danger, vous pouvez descendre dans la cuve en gardant votre détecteur accroché à la ceinture et en laissant tourner le ventilateur. Les experts expliquent qu’il ne faut pas mettre le détecteur dans une poche pour ne pas compromettre la qualité de la mesure. Ils conseillent également que quelqu’un reste toujours à proximité de la cuve où un caviste travaille. Une fois le travail terminé, il suffit de passer un coup de chiffon légèrement humidifié sur le détecteur pour le nettoyer. Attention à ne pas le laver avec des produits corrosifs, comme le gel hydroalcoolique, qui risquent d’altérer la cellule infrarouge.