out sourire, depuis le matin, Vincent Larcelet remplit les verres qui se tendent sur son stand. A voir sa bonne humeur contagieuse, on ne devinerait pas les galères que ce jeune vigneron alsacien a traversées. Et pourtant, s'il est présent ce samedi 8 juin à Lyon pour la guinguette de Vendanges solidaires, c'est bien parce qu'il a eu, à un moment, besoin d'un coup de pouce de l'association.
Installé en 2020 sur 3,7 hectare, il a subi la sécheresse de plein fouet dès sa première récolte. « Il n'y avait pas de jus dans le raisin mais bon, ce n'était pas grave, raconte le jeune vigneron. En 2021, j'ai gelé sur 30 % de ma surface, ce n'était toujours pas grave. En 2022, j'ai grêlé en juin puis en juillet et perdu plus de la moitié de ma récolte, ça devenait embêtant... Et en 2023, j'ai eu de l'oïdium en fin de saison qui a tout gâché... »
Installé avec peu de moyens, il n'avait pas les moyens d'acheter un tracteur qui lui aurait permis de traiter plus vite qu'à la main et d'éviter de se faire dépasser par les maladies. « Les banques ne voulaient pas financer l'achat d'un tracteur d'occasion, ni me prêter de quoi acheter un neuf car je ne sortais pas assez de vin, résume Vincent. Vendanges solidaires m'a fait un prêt à taux zéro de 11 000 ? remboursable en trois ans, avec différé d'un an. Cela m'a permis d'avoir un apport pour acheter un tracteur à 17 000 ?. » Cette année, c'est le mildiou qui sévit... « On traversera encore quelques années difficiles mais après ça ira : la vie est belle ! » conclut le vigneron.
Ils étaient quatorze comme Vincent, à participer à la deuxième édition de la « guinguette solidaire » à Lyon le 8 juin. Venus des quatre coins de France, ils avaient un point commun : à la suite d'aléas climatiques, tous ont bénéficié d'un coup de pouce financier de l'association Vendanges solidaires, qui leur a permis ? ou va leur permettre ? de se remettre d'aplomb.
L'association créée en 2016 a déjà soutenu une soixantaine de vignerons. Les conditions : être installé depuis moins de 10 ans, avoir perdu plus de 50 % de sa récolte, soumettre un projet concret. La plupart du temps, l'aide prend la forme d'un PTZ remboursable en trois ans. Après avoir subi coup sur coup le gel puis le mildiou, Sébastien Lavaurs, à la tête de 4 ha dans le Cantal, en a bénéficié à hauteur de 9 000 ? pour acheter un cadre interceps.
En vallée du Rhône septentrionale, François et Claire Bouillot-Salomon ont vu leurs jeunes vignes geler deux années de suite, en 2016 et 2017. « Un ami vigneron a parlé de nous à Vendanges solidaires, qui nous a contactés directement, relate François. L'association nous a donné 3 500 ? pour acheter une partie de la récolte de ce vigneron, ce qui nous a permis de faire quand même un peu de vin. » C'est aussi le gel, en 2021 cette fois, qui a fait perdre à Isabelle Pangault, en Sologne, plus de 80 % de sa récolte. Ayant entendu parler de Vendanges solidaires par un podcast, elle a contacté l'association. « En plus de l'aide financière que cela apporte, cela fait du bien de ne pas se sentir tout seul dans notre galère », témoigne-t-elle.
Preuve que cette notion de solidarité est chère à la profession, les plus gros dons à l'association viennent de vignerons. Les autres ressources viennent de dons de particuliers et de mécènes, de partenariats avec des cavistes et restaurateurs proposant l'arrondi en caisse, et d'évènements : vente aux enchères, ginguette solidaire... Celle du 8 juin a enregistré une centaine d'entrées à 7 ? pour la dégustation et 35 réservations pour le dîner à 35 ?. Légèrement en-deça des attentes, mais sur place, en fin de journée, les exposants avaient le sourire : ils avaient vendu du vin.