’utilisation du cuivre comme fongicide ne date pas d’hier. C’est en 1885 qu’Alexis Millardet, de l'Académie des sciences de Bordeaux, a découvert l’efficacité d’un mélange de sulfate de cuivre et de chaux, la fameuse bouillie bordelaise, pour la lutte contre le mildiou de la vigne. Depuis, les produits cupriques sont restés un pilier de la stratégie anti-mildiou. Ils sont incontournables en bio, mais restent très utilisés en conventionnel, du fait de leur efficacité, pour protéger le vignoble contre ce champignon pathogène. Sur les 760 000 ha de vignes en France, 86% reçoivent du cuivre. Et 31 % des hectares traités sont en bio. Aujourd’hui, le cuivre fait aussi figure d’allié de choix des solutions de biocontrôle au vignoble. Les produits cupriques restent donc encore aujourd’hui le premier anti-mildiou avec un tiers de part de marché.
Ce fongicide plus que centenaire a pourtant bien évolué, ne serait-ce qu’au niveau des doses de cuivre utilisées. Jusqu’à la moitié du XXème siècle, il est appliqué massivement au vignoble à des doses qui pouvaient aller jusqu’à 50 kg/ha/an. Cette époque est révolue, le matériel a évolué, tout comme la connaissance du champignon, les prévisions météo, la technicité des viticulteurs. De nouveaux outils, comme les modèles prédictifs du développement du champignon, permettent de mieux cibler les interventions. Les doses utilisées n’ont plus rien à voir avec celles du siècle passé.
Dans une publication de janvier 2018, l’Inrae indique : « En France, la consommation de cuivre en viticulture biologique avoisine en moyenne 5 kg/ha/an en année à forte pression de mildiou (soit environ un an sur deux durant la première décennie du XXIe siècle), avec de très fortes disparités entre régions : 1,6 kg/ha/an en Alsace, 5,6 kg en Val de Loire, et jusqu’à plus de 6 kg en Champagne, Midi-Pyrénées, Aquitaine ou Languedoc-Roussillon. Les variations interannuelles sont également marquées : la consommation moyenne française est ainsi de 3 kg/ha/an en année de faible pression maladie, contre 5 en année de forte pression ».
La bouillie bordelaise, issue du sulfate de cuivre neutralisé à la chaux, est utilisée pour lutter contre le mildiou de la vigne depuis la moitié du XXème siècle.
Ces chiffres pourraient être à nouveau revus à la baisse, puisque le dernier règlement européen du 13 décembre 2018, qui renouvelle l’autorisation du cuivre pour une période de 7 ans, limite son utilisation à 28 kg/ha, soit 4 kg par hectare et par an en moyenne, lissable dans la plupart des cas sur sept ans (contre 6 kg/ha/an précédemment).
Malgré ces contraintes, les experts prévoient une hausse des hectares protégés avec du cuivre dans le vignoble en France. « Cette augmentation prévisionnelle peut s’expliquer par l’évolution des surfaces en viticulture biologique. D’autre part, le cuivre est utilisé en viticulture conventionnelle pour réduire les substances classées CMR. Le cuivre sera donc de plus en plus utilisé en remplacement de ces substances. « L’alternative » cuivre permet également de gérer, en association, le risque de résistance de nombreuses molécules utilisées contre le mildiou », indique l’Anses dans son Rapport d’appui scientifique et technique sur le cuivre, publié en février 2022.
Le sujet du cuivre vous intéresse ? Vous voulez en savoir plus sur les doses, la question de l’efficacité des produits en fonction de leur formulation, la résistance au lessivage, les effets sur les autres pathogènes, la réglementation, la gestion des traitements en fonction de la pression mildiou ? Accédez à la suite de l’article et plus encore, d’un simple clic : Protection de la vigne contre le mildiou : Le cuivre n’a pas dit son dernier mot.