vec 16 022 hectolitres d’alcool pur produits cette campagne 2023-2024, Les distillateurs gascons augmentent de 46 % leurs volumes par rapport à 2022-2023 d’après le Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac (BNIA), faisant état d’un « retour des Armagnacais au pied de l’Alambic ». Avec l’équivalent de 3,9 millions de bouteilles d’eaux-de-vie produits, la surface viticole de l’AOC Armagnac grimpe à 1 838 hectares sur le millésime 2023 (+29 % par rapport à 2022). « Cela fait quatre ans que l’on n’avait pas fait ce volume en distillation (soit les 19 000 hl AP de 2018) » salue Jérôme Delord, le président du BNIA, qui porte son plan Ambition Armagnac 2030 : « atteindre 20 000 hl AP distillés en 2025 ».
« Nous ne sommes pas encore aux 20 000 hl AP, mais la distillation est repartie malgré les intempéries » (gel, grêle, mildiou…) indique le négociant à Vitisphere, notant que « la viticulture se rend compte que l’Armagnac a un potentiel économique, elle redistille et restocke pour être prête sur les marchés. Il y a des gens qui n’avaient jamais distillé et qui s’y mettent, d’autres augmentent leur production. » Si le sujet de la rémunération ne peut être discutée au sein d’une interprofession, le BNIA a travaillé des indicateurs de coûts de revient à l’hectare.


« Nous avons montré aux viticulteurs qu’on peut vendre des vins de distillation et des eaux-de-vie jeunes en ayant une vraie rentabilité » pointe Jérôme Delord, qui plaide pour « un équilibre entre les vins de consommation et de distillation. Il ne faut pas tout mettre dans le même panier ». Pour continuer de convaincre des opérateurs, l’interprofession travaille sur un coût moyen de vieillissement, qui permettrait de comparer coût de revient théorique et prix du marché. Car les compteurs de la distillation se remettent à zéro chaque millésime pointe le président du BNIA : « on peut acter qu’en 2023 on a distillé plus que d’habitude et pour la prochaine campagne qui arrive il faut faire plus : 18 à 20 000 hl AP. Et s’y tenir, pour ne pas faire de yo-yo. »


Pour y arriver, tout l’enjeu est de commercialiser et valoriser ces volumes. « Il est plus facile de faire 20 000 hl AP en production qu’en vente » reconnaît Jérôme Delord, qui est « moins joyeux quand on regarde les sorties caisses ». En 2023, les commercialisations d’Armagnac sont en repli de 10 %, revenant au « niveau d’avant Covid » d’après le BNIA. Notant l’an passé une stabilité du marché français (42 % des ventes) et une légère croissance de l’export (+1 %), Jérôme Delord est confiant dans les développements commerciaux des armagnacs : « ça va fonctionner, il n’y a pas de raison. L’Armagnac plait gustativement, a une histoire qui ne laisse pas insensible… Nous ne sommes pas un produit de masse, nous sommes la niche de la niche. Nous avons un potentiel, ça doit matcher. Il faut foncer, que nos amis cavistes français nous mettent en avant. Qu’ils ouvrent des bouteilles d’Armagnac : gustativement, nous n’avons peur de personne. »