a directive Vifa de l’Inao date déjà de 2018, mais il a fallu un peu de temps pour que les producteurs d’Anjou-Saumur s’en saisissent et que quelques appellations se penchent sur l’opportunité de travailler ces fameuses Variétés d’intérêt à fin d’adaptation (Vifa). Et c’est finalement un travail tripartite qui a été lancé par sept appellations en 2022 ; trois rosés (Cabernet d’Anjou, Rosé d’Anjou et Rosé de Loire), trois vins à bulles (Crémant de Loire, Saumur, Anjou) et un rouge (Anjou Rouge). Un chantier mené en lien avec l’IFV et l’ATV 49, le bras technique viticole de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. L’objectif étant de travailler l’avenir de l’encépagement de ces différents produits d’ici 10 ans.
Pour sélectionner ces fameuses variétés, les vignerons des commissions techniques de ces AOC ont d’abord planché sur les critères des cépages à tester. Ont été retenus : la polyvalence de production, puisqu’en Anjou-Saumur, on peut produire sur une même parcelle avec un même cépage, plusieurs AOC différentes ; le niveau de fertilité général et celui des bourgeons secondaires pour faire face au gel ; la sensibilité aux maladies cryptogamiques et aux maladies du bois ; les potentiels en termes d’alcool et d’acidité ; et la taille des grappes et des baies. A partir de cette base de travail, l’IFV Val de Loire a proposé une liste de cépages en blanc et rouge, accompagnée de dégustations.
Au final, pour les vins à bulles, les vignerons ont sélectionné le voltis, le sacy (ou tressailler), l’orbois et la jacquère en blanc ; ainsi que l’artaban, le vidoc, le gascon et le gouget en rouge. En Rosé d’Anjou, Rosé de Loire et en Anjou Rouge, le choix s’est porté sur artaban, vidoc, gascon, gouget, piquepoul (ou picpoul) noir. Enfin, pour l’appellation Cabernet d’Anjou, les producteurs ont retenu cette même liste en y retirant le gouget, mais en ajoutant le grolleau noir.
La plupart des appellations concernées par ce travail ont déjà voté en assemblée générale la liste, qui implique de faire évoluer le cahier des charges. L’Inao devra donc valider ces évolutions, avant une publication officielle.
Désormais, très concrètement, des vignerons volontaires vont se lancer dans la plantation de l’un ou plusieurs de ces cépages sans excéder 5 % de la surface de l’exploitation. Ensuite, la variété pourra être intégrée à une cuvée d’appellation à hauteur de 10 % maximum, ce qui ne modifiera pas la typicité du produit.
Au final, sans doute que tous les cépages sélectionnés ne seront pas testés, car il faut à la fois qu’un vigneron accepte de le planter et que du matériel végétal soit disponible, ce qui n’est pas assuré pour le gascon ou le gouget par exemple.
Enfin, reste à écrire un protocole avec l’Inao, mais on sait déjà que le suivi des expérimentations sera effectué par les AOC, l’IFV, l’ATV 49 et le vigneron. Rendez-vous dans cinq ans pour un pré-bilan, avant un choix définitif dans dix ans d’intégrer – ou pas – une de ces expérimentations variétales.