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"Les sols viticoles sont tellement perturbés que la biodiversité en champignons s'écroule"
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Lionel Ranjard
"Les sols viticoles sont tellement perturbés que la biodiversité en champignons s'écroule"

L’Atlas français des champignons du sol vient de paraître. Lionel Ranjard, directeur de recherche au laboratoire d’agroécologie de l’Inrae à Dijon et coauteur de cet ouvrage nous explique ce qu’il faut en retenir.
Par Pauline Orban Le 06 mai 2024
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Lionel Ranjard, directeur de recherche au laboratoire d’agroécologie de l’Inrae à Dijon est coauteur de l'Atlas français des champignons du sol - crédit photo : mg.Stavelot
C
omment est né l’Atlas français des champignons du sol ?

Lionel Ranjard : Après s’être penché sur la diversité bactérienne des sols, il nous a semblé intéressant de faire de même pour les champignons, en analysant les mêmes échantillons de sol que nous avions prélevés entre 2002 et 2009, sur les 2 200 sites qui caractérisent la France. La diversité microbienne ne se limite pas aux bactéries. Elle comprend aussi les champignons filamenteux microscopiques. Il faut savoir qu’un gramme de sol contient à lui seul plusieurs dizaines de millions de champignons filamenteux, et quelques dizaines de milliers d’espèces. Il nous aura fallu quatre années pour analyser cette biodiversité fongique, grâce aux techniques de biologie moléculaire et au séquençage d’ADN. Puis, presque trois années pour rédiger l’atlas.

 

Que nous apprend-il sur les sols viticoles français ?

Qu’ils sont pauvres en champignons. Nous avons comparé l’abondance et la diversité en champignons de quatre grandes familles de sols : les prairies, les forêts, les grandes cultures et les vignobles. Résultat, les sols viticoles sont ceux qui contiennent le moins de champignons filamenteux et la plus faible diversité d’espèces. Ceux qui renferment la plus grande diversité fongique sont les sols grandes cultures, devant les forêts et les prairies. Dans les écosystèmes naturels, la biodiversité est stabilisée alors qu’elle se trouve stimulée dans les sols modérément perturbés, comme ceux des grandes cultures. Mais, sur les sols viticoles, la perturbation est telle que la biodiversité s’écroule.

 

Existe-t-il des disparités entre les régions viticoles ?

Évidemment, puisque le climat et le type de sol varient selon les régions. Mais aussi parce que les pratiques culturales sont différentes. Par exemple, un sol alsacien très enherbé et peu travaillé présentera une abondance et une diversité fongique plus importantes qu’un sol bourguignon, peu enherbé et très travaillé. Les couverts végétaux favorisent cette diversité.

 

Et selon les modes de culture ?

Nous n’avons pas distingué les agricultures biologique et conventionnelle. Mais il est certain que le recours aux fongicides de synthèse ou naturels et l’augmentation massive du travail du sol contribuent à l’appauvrissement en champignons. À l’origine, les vignobles ont été plantés sur des sols peu profonds, peu actifs et peu fertiles. Les pratiques actuelles ne font qu’accentuer ce manque de fertilité. Au-delà du climat ou du type de sol, ce sont les méthodes culturales qui ont le plus fort impact sur la diversité fongique.

 

Quels enseignements pour les pratiques viticoles de demain ?

L’atlas est un ouvrage naturaliste qui établit un état des lieux de la situation fongique actuelle dans les sols français. Les vignerons doivent prendre conscience que certaines de leurs pratiques sont destructrices pour la vie des sols. C’est aussi aux pouvoirs publics de s’emparer de ces données pour obliger les vignerons à protéger et conserver cette biodiversité dans les sols. En intégrant, par exemple, dans le cahier des charges des appellations des mesures de diagnostic de la qualité biologique des sols, mais aussi quelques préconisations, comme l’implantation de couverts végétaux qui stimuleraient l’abondance et la diversité des champignons, des bactéries et des nématodes.

 

Quelle suite allez-vous donner à ces travaux ?

Nous venons de lancer une deuxième campagne d’échantillonnage sur toute la France. Cela nous permettra de voir si la biodiversité des sols s’amenuise ou si elle se stabilise.

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Tous les commentaires (2)
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Régley serge Le 14 mai 2024 à 16:58:47
En matière de vins AOC, en général il n'est pas recherché de faire des vignes des « pisse-vins ».. La trop bonne santé des vignes rime souvent avec une vulnérabilité aux maladies et avec la production de vins quelconques. La « bonne santé d'appellation » d'une vigne, on l'apprécie en la regardant.. Lorsque des zones sont dépressives, hormis à cause des viroses, c'est plus souvent du à des critères physiques, tel que la pauvreté en matière organique du sol, ou à sa température: tout à chacun sait que des sols dits « froids », c'est à dire qui n'évacuent pas leur eau, eau qui s'oppose au réchauffement normal de ces sols, entravent le bons développement racinaire des plants. (C'est pourquoi les plants sont plantés en pépinière sur paillage plastique, ou les plants en pots sur un sol dans lequel passent des tuyaux d'eau chaude, la chaleur étant cruciale pour une bonne rhizogenese) C'est dans ces sols froids que se développe + ou - selon les années, le « pied-noir » ou des apoplexies. Si la vigne se porte bien dans un sol «dégradé », ou est le problème ?
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pg Le 07 mai 2024 à 08:10:03
Reste à savoir si nous cultivons des champignons ou de la vigne. Je suis volontairement provocateur . Il est évident qu'à partir du moment où l'on cultive , on rompt un équilibre écologique , pour en établir un autre . Ce qui n' implique pas que ce nouvel équilibre soit négatif. Il est différent. La France du Néolithique , à climat équivalent , était couverte de forets. L' agriculture , jusqu'à la fin du Moyen-Age à arraché à tour de bras. Elle a transformé profondément l' équilibre écologique pour en établir un nouveau. Celui de nos paysages que tout le monde imagine avoir toujours existé. La surface viticole est bien en deçà de la surface urbanisée où il n'y pas la moindre vie. Je veux bien passer au systèmes de couverts végétaux permanents comme le préconise Ver de Terre production et ce Monsieur. Mais , à la collectivité de me financer les 5 ans de misère économique qui en résultera avant d' en obtenir les effets positifs ( à vérifier...). Et que mes concurrents aient les mêmes contraintes.... Il y a 15 ans , j' ai découvert à Pouilly-Fuissé des vignes qui ressemblaient à des autoroutes tellement elles étaient désherbées chimiquement. J'y suis retourné l'an dernier . Ces mêmes vignes avaient changée du tout au tout. Enherbements , travail du sol... Peut-être que dans 15 ans elles seront sous paillage permanent ? Vous noterez que ce Monsieur ne nous dit pas que nos sols agricoles sont stériles comme certains zozo l' affirment....
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