’adresse est connue : avenue Marceau à Paris. Sur 200 mètres carrés, les clients fortunés qu’ils soient chinois, thaïlandais, singapouriens, mais aussi américains et européens sont accueillis depuis novembre à « La résidence », qui aura nécessité un investissement de plusieurs millions d’euros, sorte de show-room, ou plutôt selon les propres termes de Cyril Camus, 53 ans, 5ème génération, aux commandes de la PME familiale, « une galerie d’art, un véritable écrin commercial, pour entrer dans l’univers de la marque ».
La Résidence permet de découvrir les pièces uniques élaborées par le département « Les Ateliers », situé au siège de l’entreprise à Cognac, en Charente.
Depuis 2021, une équipe d’une dizaine de salariés, spécialisée dans le gravage du verre, le galonnage, le travail du cuir, élaborent des pièces d’exception. Un spécialiste de la marqueterie devrait être embauché prochainement, ainsi qu’un métallier. Autant de savoir-faire artisanaux au service du luxe. Ne manque que l’acquisition d’un four à verre, afin que la PME souffle son propre verre.
Ce qui veut dire des investissements dans le réaménagement des bâtiments. Un projet à 4 ans. Et la boucle sera bouclée: Camus intègrera la totalité des métiers tournés vers des créations uniques. Profils des acheteurs ? « Celui qui a tout et qui veut se différencier en s’offrant une pièce unique, celui qui au travers de l’esthétique du produit et au-delà du luxe veut trouver une émotion » indique Cyril Camus.
Une émotion qui a son prix : 78 000 euros pour un bureau de dégustation Jubilée 5.50, par exemple. Une fois par mois, Cyril Camus, qui vit à Shanghai, est à Paris, et paye de sa personne, pour recevoir à La Résidence les clients. Au cours d’un dîner autour du Cognac, il ne manque jamais de rappeler son challenge : « Nous sommes à la croisée du cognac et des œuvres d’art. Et Camus est la seule maison familiale à avoir les moyens de pousser cette démarche jusqu’au bout, en accompagnant le client dans la fabrication d’une pièce unique ».
Les convives ont tout loisir de découvrir ces pièces uniques, tout comme les Collections, des pièces limitées à un petit nombre d’exemplaires. Ainsi l’entreprise a-t-elle fait appel à la créatrice Janaïna Milheiro qui a associé sa maitrise de la plumasserie d’art contemporaine et singulière au cognac Camus, en ornant de plumes, neuf carafes qu’elle métamorphose en grue du Japon, Ibis rouge et phénix. De son côté Camus a composé une série de flacons inspirés par ces oiseaux emblématiques, en sélectionnant et en assemblant des cognacs selon leur âge et leur typicité. Chaque Carafe vaut 38 000€.
Pour l’heure, ce positionnement sur le luxe ne représente que 3% du chiffre d’affaires, mais il est porteur. En octobre 2023, Camus a investi 2,5 M€ dans une boutique de plus de 600 mètres carrés dont 150 mètres carrés dédiés aux produits des « Ateliers », dans l’un des centres commerciaux dévolus au shopping détaxé d'Haikou, sur l’île de Hainan, en Chine. Ce n’est pas tout. Une autre « Résidence » va être construite en Thaïlande. Un bâtiment de 500 mètres carrés, doté d’un hôtel, présentera les créations uniques. Un investissement de 2,5 M€ opérationnel d’ici 2028. « Nous réfléchissons également à une présence à New York » confie-t-il.
Camus qui emploie 280 salariés, réalise un chiffre d’affaires de 100 M€ et exporte à 95%. Premier marché : la Chine. Deuxième marché : le Duty free dans les aéroports. Malgré des signaux peu encourageants en Chine, Cyril Camus se veut confiant : « Les ventes de cognac sont au ralenti mais je ne suis pas inquiet ». En 2024, Camus devrait enregistrer une baisse de 5%.