omme un air de printemps 2024 : les vignes débourrent et les prix dévissent à Bordeaux. Après les bordeaux à 1,89 € chez Lidl, Carrefour propose un nouveau plancher avec une offre à 1,66 € dans son catalogue pour la foire aux vins de printemps. Un catalogue à la sélection primée par Revue du Vin de France, mais n’assurant pas de revenu pour les vins de France premiers prix
Vendue seule 2,49 €, la bouteille de marque "Comte de Maignac" (Bordeaux rouge 2021 avec une médaille d’or Gilbert & Gaillard) est réduite d’un tiers à 1,66 avec l’offre 4+2. Et ce sans compter l’offre de 10 € de bons d’achat par tranche de 60 € de vins et spiritueux pour les titulaires de la carte Pass du groupe Carrefour. Cette bouteille de Bordeaux se retrouve ainsi au même d’appel que des vins IGP du Var, de Méditerranée, de Pays d’Oc, d’Ardèche et du Val de Loire (en offre 4+2). Les vins sans alcool sont plus valorisés (du Festillant à 2,30 € au sans alcool JP Chenet à 3,15 €), une sangria de 1,5 litres est plus chère (2,15 €), comme les verres en cristallin (1,99 € l’unité en 4+2).
Comment ce "comte de Maignac" peut-il atteindre un si bas prix ? En mettant à profit le négoce du groupe Carrefour, la maison Johanés Boubée qui a acheté et embouteillé le vin comme en témoigne son étiquette. La maison Johanès Boubée explique à Vitisphere que « le prix de 1,66 € la bouteille est un prix promotionnel financé en intégralité par maison Johanès Boubée et qui n’affecte en rien la rémunération des viticulteurs dans le cadre de sa politique d’achat responsable. Sans cette promotion, le produit à l’unité est vendu à 2,49€. Ces opérations commerciales permettent de répondre au besoin de ses clients. »
Des petits prix qui ont de quoi valider l’analyse de Lidl d’un prix de marché particulièrement bas pour les vins bordelais, où chaque distributeur cherche à gratter quelques centimes face à la concurrence. Des prix bradés qui ont de quoi exaspérer dans le vignoble girondin, où les manifestations se sont succédées ces dernières semaines pour réclamer des cours rémunérateurs aux négociants et distributeurs.


« 1,66 € c’est le pompon ! Quoi dire de plus ? Plus rien ne vaut rien » soupire Renaud Jean, membre du collectif Viti 33 portant l’idée de créer une Organisation de Producteur pour définir et garantir un prix minimum du vin. « Vivement la réunion que nous avions demandée avec toutes les parties de la filière dont les distributeurs. Enfin nous avons une date ce sera le 29 mars prochain » indique le vigneron-négociant basé à Sauveterre-de-Guyenne, qui espère des avancées pour « construire ensemble une offre prenant enfin en compte la vraie valeur des choses ». De quoi espérer positiver avec Carrefour le prix des bordeaux ?