estination d’avenir pour les vins et spiritueux français face à la déconsommation nationale, l’export nécessite un renforcement des soutiens politiques et diplomatiques plaide Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants. « Pour aller à la conquête de parts de marché, qui est un enjeu clé pour l’avenir, il faut définir une nouvelle stratégie export de filière » plaide le vigneron de Fitou (Aude), qui propose deux outils au gouvernement pour que la filière ne soit pas commercialement déchirée entre deux mouvements, la volonté d’exportation et la réalité des carcans réglementaires.
La première demande concerne la création d’un guichet unique pour l’Union Européenne des droits d’accises intracommunautaires des vins et spiritueux envoyés aux particuliers. Une mesure justement promise en janvier dernier par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, lors d’une visite en Champagne, qui fait écho à une demande gouvernementale de 2022 auprès de la Commission Européenne, a priori infructueuse. En l’état, « la zone dite de libre-échange ne l’est pas, on a des blocages dans le commerce » souligne Jean-Marie Fabre, qui souligne le « besoin d’accès facile pour nos vins aux consommateurs ». Si Bruxelles n’avait fait aboutir la demande française il y a deux ans, actuellement « il y a une bonne fenêtre de tir avec les débats actuels de simplification. Il faut que cela avance d’ici l’été. Il est anormal qu’au sein d’une zone de libre circulation nous ne puissions pas exercer le commerce B2C, alors que c’est un élément de fond pour notre export. »


Pour le grand export, vers les pays tiers, Jean-Marie Fabre demande de nouvelles négociations d’accords de libre-échange, mais en sortant les vins et spiritueux des accords mettant en confrontation les modèles agricoles. « Il y a dans l’agriculture française des secteurs d’intérêt offensif, comme les vins et spiritueux, et d’autres plus défensifs, comme l’élevage. Il faut consolider le cadre des coopérations commerciales pour que ces accords ne contraignent pas un secteur offensif au détriment d’un défensif et inversement » explique le président des Vignerons Indépendants, qui propose l’intégration des vins et spiritueux à des accords réduits aux secteurs économiques stratégiques mis en miroir.
« L’Europe met en place des accords commerciaux stratégiques avec l’aéronautique, les nouvelles technologies, les minerais… Rien n’empêche de fixer dans ce paquet les vins et spiritueux, d’en faire un secteur stratégique. Pour éviter de se retrouver dans les accords agricoles, alors que les pays européen et tiers n’ont pas les mêmes contraintes environnementales et sociales. Ce qui pose forcément souci » détaille Jean-Marie Fabre, qui souhaite la naissance « d’accords commerciaux bilatéraux pour gagner en compétitivité et conquérir des parts de marché sans être en opposition de filières agricoles dès qu’il y a des enjeux de souveraineté et de distorsions ».


Contacté, le cabinet du ministre délégué au commerce extérieur, Franck Riester, indique que ce dernier veut « engager un chantier de simplification des procédures et outils d’accompagnement à l’export, dans la continuité des objectifs présentés par le premier ministre. Il a dans ce cadre recueilli les idées des VI, qui sont actuellement à l’étude. »