ouvelle donne mondiale pour les transports de vins et spiritueux : s’il n’y a quasiment plus de tensions sur la disponibilité des équipements (containeurs vides) et que les taux de fret atteignent des prix historiquement bas (par rapport aux records de 2022), la géopolitique perturbe le commerce mondial de manière aussi inattendue que prolongée (en témoigne le canal de Suez évité par les compagnies maritimes, la liaison Europe-Asie prenant 15 jours de plus pour passer par le Cap de Bonne-Espérance). De quoi répéter encore et encore le même conseil aux exportateurs : anticiper les expéditions, comme le martèle Marion Boudard, la directrice commerciale adjointe France du logisticien Hillebrand Gori France. Ayant fait sortir de France 51 200 conteneurs de vins et spiritueux l’an passé (25 % pour les États-Unis, 11 % pour le Canada, 10 vers le Japon…), la filiale du groupe DHL est particulièrement placée pour mesurer les évolutions des exportations de la filière.
Tous marchés confondus en 2024, la prévision d’activité est calme sur le premier semestre avant une reprise courant deuxième semestre indique Marion Boudard à l’occasion du salon ProWein. Destination majeure, les États-Unis semblent s’inscrire dans cette dynamique : « on ressent depuis quelques semaines une hausse sensible des expéditions. On revoit des départs vers les États-Unis » rapporte l’experte, pointant que la prochaine élection présidentielle pourrait accélérer la mise en stock, pour anticiper un retour au pouvoir de Donald Trump, qui se flatte toujours d’avoir mis en place des taxes punitives sur les vins et spiritueux français.
En Chine, les équipes Hillebrand Gori notent un bilan plutôt positif des ventes du nouvel an chinois. Mais dans l’immédiat, « les perspectives sont calmes en Chine. Les signaux restent peu encourageants » résume Marion Boudard, évoquant une situation économique difficile, entre inflation et concurrence de vins locaux. Alors qu’une enquête antidumping sur les eaux-de-vie européennes, les expéditions de cognacs pour stockage de précaution ne concernent que les opérateurs n’ayant pas déjà suffisamment de stocks sur place.
Pour 2024, les marchés à surveiller pour Hillebrand Gori se trouvent en Afrique (Côte d’Ivoire, Nigéria…), en Amérique du Sud (avec des risques géopolitiques, comme la nouvelle présidence en Argentine, et des barrières aux frontières comme les droits d’accise au Brésil ou la concurrence de pays sud-américains producteurs), l’Inde (où les taxes sont dissuasives), ainsi que l’Asie du Sud Est (Thaïlande, Vietnam…, avec la reprise des activités touristiques).


Si l’avenir reste incertain pour l’accès au marché, « en dépit des aléas, nous nous adaptons [dans la logistique] pour toujours proposer une solution. Il faut savoir s’adapter et se remettre en question » pointe Marion Boudard, rappelant que « nous sommes des intermédiaires, une pierre angulaire pour l’export ».