Vider des camions n’est pas la solution, il faut prendre des décisions" pose Javier Sánchez-Migallón Royo, le directeur du quotidien espagnol Correo del Vino, dans son dernier éditorial, ici traduit :
« La situation mondiale du commerce du vin traverse l’une des plus grandes crises de son histoire. Nous voyons les plaintes et les chutes sont choses communes dans de multiples millésimes, pays, régions et types de vins. L'Europe et les pays producteurs de vin s'en plaignent. Les vendanges commencent actuellement dans l'hémisphère sud, et les mêmes problèmes que nous avons rencontrés ici se répètent : les bas prix bas du raisin, des vins qui n’arrivent pas à être commercialisés et qui provoquent des protestations généralisées. Ces derniers jours, nous assistons aux grandes mobilisations agricoles qui se déroulent dans toute l'Europe et qui portent leurs protestations. Les plus radicaux, nous l'avons aussi vu et subi dans nos chairs, ont attaqué et vidé des camions de vin espagnol, comme si c'était là la solution à la crise du vin français, par exemple. […]


L'Espagne, avec des prix en hausse en raison de la dernière petite récolte, voit ses exportations diminuer depuis deux années consécutives, avec un problème de commercialisation surtout pour les vins rouges. L’Espagne porte un regard inquiet sur l'avenir, si elle rentre une récolte supérieure aux précédentes, qui rendra impossible la commercialisation des vins produits. La France continue de diminuer sa consommation par habitant, avec des baisses significatives des prix du vin. Ces dernières semaines on y proteste contre le prix du tonneau bordelais, pour qu’il ne descende pas en dessous de 1 000 euros, et pour des aides du gouvernement avec l'arrachage subventionné de vignes, ce qui fait l'envie des autres pays. Mais en tout cas avec de sérieux problèmes de commercialisation. L’Italie est quasiment dans la même situation. Et si la France croit qu'en vidant quatre camions espagnols ou en retirant les bouteilles de vin espagnol des rayons des supermarchés, cela résoudra le problème, elle a tout à fait tort. Tout simplement parce que nous avons tous le même problème, que l’on soit en Espagne, en Italie, en Argentine, au Chili, en Nouvelle-Zélande ou en Chine.
Comme je vous l'ai dit, le problème est mondial et je crois que les solutions à adopter doivent également être mondiales et aller main dans la main, sans s'opposer. Je pense qu'il est temps de convoquer des réunions au plus haut niveau et de prendre des décisions ensemble et au niveau international. Le plus grand nombre de pays producteurs sera le mieux, pour promouvoir également une consommation modérée de vin dans le monde, pour faire une grande promotion commune afin que nous puissions commercialiser nos vins. Comme je l'ai toujours dit, nous n'avons pas trop de vin, nous manquons de consommateurs. Et cette consommation dépend totalement de la consommation occasionnelle, le week-end ou lors de fêtes ou de réunions, mais pas du consommateur quotidien qui met un verre de vin sur sa table à chaque repas. Celle-ci disparaît de jour en jour et disons que les moins de 30 ans ne consomment généralement pas de vin.
C’est pourquoi nous pouvons tous, ensemble et avec des solutions communes, avancer si nous savons comment le faire, car nous avons démontré à maintes reprises que cela était possible. En dressant certains producteurs les uns contre les autres, nous ne ferons qu'aggraver le problème.
Il est temps de prendre des décisions rapides. Je prédis que si cela n'est pas fait et que dans six mois la récolte européenne est normale, le problème que nous aurons sera énorme, du prix du raisin jusqu'à la mise en bouteille. Prenez soin de vous et vous le savez : FAISONS LA PROMOTION DU VIN. LA VIE EST TOUJOURS MEILLEURE AVEC LE VIN. »