Le réchauffement climatique n’est pas la seule cause du rajeunissement du vignoble qui fragilise dangereusement la notion de grand vin de terroir. Le végétal industriel manque cruellement de diversité. Il est incapable de vieillir et dépérit. Si nous ne faisons rien, le vin tel que nous l’aimons aura disparu avant la fin du siècle » alerte Lilian Bérillon, dans le documentaire de 50 minutes « Un point c’est tout ! » disponible sur Youtube.
Le pépiniériste spécialiste de la sélection massale « part au sauvetage d’un patrimoine vieux de plusieurs millénaires » en s’armant du témoignage de ses plus prestigieux clients. « Les vignes françaises sont de moins en moins pérennes et meurent au bout de 20 ans alors que les vignes mères plantées dans les années 1940 sont encore vivantes, commence Caroline Chevallier, du château de Villeneuve, à Souzay-Champigny. Malgré ce constat les vignerons utilisent toujours des clones et sont mêmes subventionnés par l’Etat pour le faire » regrette-t-elle.
« Même un enfant peut comprendre que si tous les individus sont les mêmes, ils vont tous réagir de la même manière à une maladie ou à un épisode de gel » continue Peter Sissek, du domaine de Pingus, en Ribera del Duero.
Au domaine Gourt de Mautens, à Rasteau, Jérôme Bressy a arraché tout ce qui avait été planté dans les années 80 pour revenir à la massale. « Coulure, bois noir, esca, court-noué, carences en potassium, j’éliminais énormément de raisins lors du tri et la qualité du vin n’étais pas au rendez-vous » se souvient-il. Depuis, le vigneron raconte assure que ses cuvées ont regagné en finesse, en longueur, et en complexité aromatique.
Chez Roederer, le chef de caves Jean-Baptiste Lécaillon a encouragé sa maison à faire le même choix pour favoriser de légers décalages de dates de floraison et rendre les vignes champenoises plus résilientes aux orages et maladies du printemps.
Lilian Bérillon interviewe d’autres vignerons de renom tels que Jean-Louis Chave, Lalou Bize-Leroy ou Anselme Selosse. Il laisse aussi la parole à des scientifiques, tel que l’ancien professeur à l’Institut Agro de Montpellier Alain Deloire qui vante les mérites de la greffe anglaise.
« Pour sauver les vins de terroir », le pépiniériste conclut son documentaire face caméra en espérant une prise de conscience des vignerons mais également de la société.