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80 millions € de "saupoudrage" des trésoreries viticoles ?
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80 millions € de "saupoudrage" des trésoreries viticoles ?

Soumis à la question parlementaire sur son soutien au vignoble, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau esquive l’accusation d'aides insuffisantes aux pertes de récolte d'un député gascon et annonce le contrôle des vins espagnols importés à un élu audois.
Par Alexandre Abellan Le 08 février 2024
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80 millions € de
« Quel est le budget pour le mildiou dans le Gers ? Sur 80 millions €, le Gers est touché à 25 millions € et c’est 5 millions € [qui sont fléchés] d’après le dernier courrier » indique le député David Taupiac. - crédit photo : Assemblée Nationale
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urant ses deux heures d’audition devant la Commission des affaires économiques ce mercredi 7 février, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau a été interpelé deux fois sur ses arbitrages sur la mise en œuvre du fonds d’urgence au vignoble l’aide au vignoble gascon par le député David Taupiac (Gers, Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). « 25 millions € sont nécessaires dans le Gers face au mildiou, nous en aurons finalement 5 sur les 80 millions € » critique le député de Condom, qui cite le fonds d’urgence de 80 millions € annoncé ce 31 janvier et précisé ce 2 février* par Marc Fesneau, afin de prendre en charge une partie des pertes de récolte et déployer une année blanche bancaire (en rallonge du fonds de 20 millions € adopté par l’Assemblée Nationale à l’initiative du député gersois de la majorité Jean-René Cazeneuve). Devant ouvrir ce lundi 5 février grâce une circulaire envoyée en urgence, le dispositif reste encore en suspens, une instruction nationale étant attendue pour clarifier certains points selon des sources préfectorales évoquant des réunions toute la semaine entre administration et représentants du vignoble.

Dans l’immédiat, il semble que cette aide soit soumise à « la règle des minimis [NDLA : un plafond européen de 20 000 € d’aides sur 3 ans] qui reste un saupoudrage et rend le dispositif inapplicable et injuste pour les viticulteurs » tance David Taupiac, qui n’aura d’abord que des réponses de Marc Fesneau sur ses autres questions (loi d’avenir agricole, clauses miroirs, assurance récolte…). « En bon gascon, je suis têtu » lance David Taupiac en revenant à l’assaut sur sa question en fin d’audition. Rappelant ses courriers, interpellations en séance et amendements législatifs, le député demande « comment faisons-nous pour accompagner nos exploitants ? Ces 80 millions répondent aux problèmes de l’Aude et de l’Hérault où là c’est plutôt la sécheresse. Il faut des engagements beaucoup plus forts. »

On a intégré le mildiou, y compris pour le Gers

Evoquant des demandes de « 20 millions par-ci, 300 millions par-là », Marc Fesneau répond « très tranquillement : on ne peut pas me dire c’est 20 millions et c’est comme ça. Il faut le documenter. On a essayé de répondre à quelque chose qui n’était pas normalement dans le stock : le mildiou. Parce que les assurances ne couvraient pas et que rien ne le couvrait. On a intégré le mildiou, y compris pour le Gers. On va regarder les dossiers, on en reparlera. » Ce qui laisse visiblement David Taupiac sur sa faim, le député gascon proposant des montants rallongés pendant la réponse du ministre. Il aurait également pu évoquer l’étude de la Chambre d’Agriculture du Gers sur les dégâts de milidou ce millésime 2023, aboutissant à l’estimation des 25 millions €.

Importation française de vins espagnols

Autre question viticole soulevée pendant l’audition : celle de l’importation française des vins d’Espagne. Alors que la situation viticole reste « explosive » dans l’Aude (au sens propre), le député Christophe Barthès (Aude, Rassemblement National) fait part de « zones d’ombre [qui] persistent sur la concurrence des vins espagnols. Les viticulteurs ont besoin de clarté, au risque de voir les manifestations et les blocages se multiplier. Plus de 4 millions d’hectolitres de vins sont importés chaque année d’Espagne. Nous savons pourtant que la viticulture espagnole utilise des produits phytosanitaires interdits en France et que la viticulture vit une crise majeure. Monsieur le ministre, comment se fait-il que le vin espagnol puisse rentrer sur le territoire français sans aucun contrôle sanitaire qui permettrait de diminuer drastiquement cette concurrence déloyale ? Notamment pour les viticulteurs du Sud de la France et particulièrement pour ceux de l’Aude. »

« Il y a un certain nombre d’opérateurs, y compris français, qui jouent un jeu que l’on va regarder, y compris en termes de contrôles, qui profitant de la crise font rentrer des vins d’Espagne » répond Marc Fesneau, qui ne veut pas jeter l’opprobre sur les filières espagnoles : « mais il y a des acteurs français dans le jeu. On ne va pas se raconter l’histoire, il faut que chacun prenne ses responsabilités sur ce qui se passe. Mais n’allons pas dire que c’est la faute des Espagnols. » Approche que réfute Christophe Barthès, mais que Marc Fesneau maintient : « vous avez un peu dit ça, pardon ».

 

* : Comme précisé lors de la visite ministérielle dans l’Hérault : cette aide conjoncturelle du fonds d’urgence sera échelonnée de 5 000 à 20 000€, selon les situations, lorsque le chiffre d’affaires et la production ont diminué. « D’un côté, le dispositif lié à l’aspect sanitaire et climatique pourra, à l’appréciation de chaque département, comparer la perte de récolte de 2023 avec la meilleure récolte entre 2018 et 2022 » détaille Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, « de l’autre côté, l’année blanche permettra au viticulteur de reporter ses annuités en fin de tableau auprès de sa banque, avec les frais et intérêts pris en charge par le fonds d’urgence ». Le cumul de ces deux dispositifs ne pourra pas aller au-delà de 20 000 € par exploitation, avec une gestion départementale pour correspondre aux spécificités du terrain. « Que ce soit dans le cadre d’une perte de récolte liée aux aléas ou d’une perte de chiffre d’affaires ou d’excédent brut d’exploitation, ce sera un minimum de 20 % de pertes pour entrer dans le dispositif » ajoute Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France.

 

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Tous les commentaires (3)
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VignerondeRions Le 08 février 2024 à 11:12:12
Nous sommes exactement face aux contradictions, celles du peuple et de nos gouvernants. La météorologie est l'arbre qui cache la forêt. Il est certain que lorsque nous avons des Cahiers des charges, des labels, ou des directives empêchant d'utiliser les produits efficaces le résultat est exactement celui que nous avons vécu. Donc nous avons des pertes sur nos vignobles en moyenne de 100.000 ? par exploitation et on nous propose de nous aider à hauteur de 3 à 5000 ?. C'est à dire qu'on demande aux seul agriculteurs d'assumer les désirs de tous les Français. Il ne faut pas être devin pour comprendre qu'on marche sur la tête, et qu'on va directement dans le mur.
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Gascogneur Le 08 février 2024 à 10:26:06
Merci à Mr Taupiac pour son intervention ainsi qu'à Mr Cazeneuve pour leur implication ,ils sont très à l 'écoute et solidaires de la viticulture gasconne . Nous sommes plus de 200 viticulteurs ayant perdu plus de 100 000 ? de récolte avec l'excès de pluviométrie induisant une virulence mildiou hors norme . Mr Fesneau est venu dans le Gers en octobre 23 ,il a pu constaté de visu l 'ampleur des dégâts , il sait que notre demande est justifiée et répond uniquement à une perte de récolte qui aurait du être prise en charge par une multirisque climatique . IL a également très bien compris que nous subissons 4 années consécutives d'aléas climatiques , que nos trésoreries sont exsangues et que nous avons besoins d'un vrai plan de relance de 25 millions d'euros .Nous ne demandons ni arrachage ni distillation , Nous lui avons clairement expliqué qu 'une mesure d'aide limitée par la règle des minimis à 20 000 ? est totalement inadaptée et dérisoire sachant qu' en plus la plupart des viticulteurs ont déjà perçu environ 10 000 ? d'aide par rapport au gel et à la grêle 2022 . C 'est donc insupportable d'entendre Mr Fesneau répondre à notre député qu'il a bien pris en compte la demande gersoise et que les mesures prises sont parfaitement adaptées . Mr Fesneau ne peut pas dire qu'on demande 20 millions d'euros comme ça sans le documenter , c'est insulter le travail de 6 mois fait par la viticulture gersoise pour étayer notre dossier . Ses conseillers et lui même ont parfaitement reçu notre rapport de plus de 20 pages hyper détaillé ,notre chiffrage réalisé très précis après 2 enquêtes terrains pré et post vendange . s'il faut en plus refaire un grand oral en Gascogne ou à Paris ,nous sommes disponibles .
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augustin Le 08 février 2024 à 05:24:18
Deux grands absents du débat actuel : les assureurs et les banquiers francais face à la crise viticole 2024 ... On parle ici de 3 leaders pour le premier secteur et 5 voire 6 sur le second Et que on ne nous prétende pas que ces acteurs économiques traitent le secteur viticole comme un simple segment de clientèle : tous ou presque ont lourdement investi et sont donc implique dans la filière . axa Pauillac Allianz medoc , générali pomerol ...pour ne citer que les assureurs ...sans oublier la structure CA grands crus qui se présente comme champion de la gouvernance et de la rse... Bercy s est borne ces derniers jours à faire mine de découvrir la loi egalim et l urgence de l appliquer ... Il est urgent que notre ministre de l agriculture interpelle son collègue de Bercy pour qu il vienne a la rescousse sur cet autre sujet : le secteur bancaire est il enclin à rouvrir le dossier des pge bpi covid 19 ? et le secteur assurance à interpréter la clause de l aléa climatique de manière plus favorable à ses assurés ? A défaut de reponse a ces deux sujets majeurs , le debat entre parlementaires tourne en rond faute de cash. Quand" il n y a pas d hélice, c est la qu est l os " constatait avec sagesse le tandem de la grande vadrouille : le diagnostic reste pertinent près de 60 ans plus tard :^)
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