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e 25 janvier dernier, l’assemblée générale de la fédération roussillonnaise des Vignerons indépendants (FRVI) a accordé un long temps d’échanges à la situation incertaine de l’interprofession des vins du Roussillon (CIVR). Dans l’assemblée, les questionnements ont été nombreux sur la raison d’être d’une interprofession loin de faire l’unanimité, en particulier dans les orientations choisies pour le moyens de promotion. « Aujourd’hui, ce sont des gros mots que parler de signes de qualité au sein du CIVR, alors que c’est la base même de ce pourquoi nous cotisons » a trouvé bon de rappeler le président du syndicat d’appellation Collioure-Banyuls, Organisme de Défense et de Gestion (ODG) dissident qui a acté sa sortie du CIVR au 1er janvier 2025.
Le vigneron de Banyuls-sur-Mer, qui siège par ailleurs au CIVR a, en outre, insisté sur « l’intérêt individuel des entreprises privilégiées dans cette interprofession, plutôt que celui de nos signes de qualité », avant de balancer publiquement un gros pavé dans la mare, dont beaucoup de participants à cette AG semblaient déjà être informés. « Aujourd’hui même, nous avons quatre membres du CIVR qui exposent leurs vins à Las Vegas, un voyage financé par l’interprofession. Deux ont été sélectionnés sans passer par un appel à intérêt et les deux autres y sont par copinage, c’est simplement inadmissible et scandaleux ! », a lâché un président du Cru Collioure-Banyuls très peu adepte de la langue de bois. Fervent défenseur de signes de qualité, Romuald Perrone n’envisage rien d’autre que la promotion de ceux-ci pour un avenir constructif du CIVR, « sinon on rentre dans la logique des Vignes du Vent promues par VICA, où l’on fait tout en vins de France sans aucuns signes de qualité et comme ça il n’y a plus d’ODG, plus d’Inao [Institut National de l'Origine et de la Qualité], plus de CVO [Cotisation Volontaire Obligatoire]… C’est dans nos ODG qu’il faut prendre les choses en main pour faire évoluer les choses ! ».
Le vice-président des Vignerons Indépendants du Roussillon, Nicolas Raffy n’en pense pas moins et appelle tous les membres de la fédération à s’impliquer fortement dans leurs ODG respectives, « car c’est notre seul pouvoir pour peser dans les décisions du CIVR ». Avant d’apporter d’autres précisions sur le sulfureux épisode de Las Vegas… « C’est une action financée sur de l’argent restant du consortium franco-espagnol Garnachas-Grenaches, où deux négociants, dont le président actuel du CIVR, se sont pré-positionnés pour deux des quatre places disponibles, et décidant d’en laisser deux pour le collège production. Là aussi ces deux places ont été attribuées dans l’opacité la plus totale via une discussion lors du salon de Shanghaï en novembre, je suis bien placé pour le savoir puisque nos vins du Mas Amiel font partie de cette présentation de Las Vegas… », déroule le vice-président des VI du 66 et directeur du Mas Amiel, à Maury. Suggérant qu’initialement prévu, Vica a finalement été interchangé pour les vins de la maison de négoce Lafage, l’intervention fait réagir fermement Fabienne Bonet, présidente de Vica (et de la Chambre d’agriculture des P-O), présente dans l’assistance : « je ne peux pas laisser dire ou sous-entendre que Vica est présent à Las Vegas aujourd’hui dans cette opération du CIVR ».
« Peu importe qui y est, c’est le système et l’opacité qui sont en cause ! » s’emporte à nouveau Romuald Perrone, qui rebondit sur l’autre évènement sur lequel le CIVR a misé des sommes importantes, le Bacchus festival. Un participant demande pourquoi le CIVR soutient un tel évènement « qui n’est vu par la population que comme un festival de musique, où la présentation des vins reste totalement à la marge, sans aucune communication sur nos AOC ou IGP, mais juste quelques stands de producteurs » vers lesquels les gens vont plus pour se désaltérer que pour découvrir des vins du Roussillon. « Nos représentants des Vignerons indépendants qui siègent au CIVR n’ont pas voté le budget de ce festival depuis deux ans, qui mobilise un investissement de plus de 250 000€, pour un public de catalans, pas de touristes. Mais nous ne sommes que 5 à voter contre… », livre le président des VI 66 Guy Jaubert.
« Les discussions se font en amont et tout est déjà convenu et validé avant d’arriver en réunion, je suis découragé », enchaîne Nicolas Raffy pour dénoncer le fonctionnement du comité exécutif du CIVR. Pour les vignerons indépendants, la position sur la volonté de sortie des ODG de l’interprofession devra être décidée de manière commune d’ici juin. Mais pas de salut dans le processus décisionnel sans la mobilisation au sein de ces différentes ODG « où nous manquons de relais », rappelle Nicolas Raffy. « Impliquez-vous dans vos ODG, participez-y, les élections des représentants au sein des ODG sont le mois prochain, vous serez notre voix pour faire avancer notre place dans le fonctionnement du CIVR », termine Guy Jaubert.
Contacté, Stéphane Zanella, le président du CIVR et directeur de VICA, indique ne pas souhaiter commenter des informations qu'il juge erronées.
