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+ 40 % de rendement : les mycorhizes aident à lutter contre la sécheresse dans les vignes
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Résultats d'essais
+ 40 % de rendement : les mycorhizes aident à lutter contre la sécheresse dans les vignes

Les premiers essais de mycorhization de vignes en place ont donné des résultats spectaculaires en 2022, année de forte sécheresse. Mais pas en 2023.
Par Michèle Trévoux Le 17 janvier 2024
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+ 40 % de rendement : les mycorhizes aident à lutter contre la sécheresse dans les vignes
Constance Cunty, chef de projet au Centre du rosé, dans le Var, lors d'un essai de mycorhizes mené au Château Sainte Roseline. - crédit photo : Hervé Hôte
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es mycorhizes seraient-elles la solution magique contre la sécheresse ? Les résultats d’essais menés par Mycophyto et Mycéa, deux start-up, semblent en témoigner.

Mycophyto a conduit son essai sur une parcelle de grenache de 7 ans, implantée sur un sol sablo-limoneux au Château Sainte Roseline, dans le Var. Après des prélèvements de sol et une analyse de la flore mycorhizienne en 2020, l’entreprise a inoculé les vignes au printemps 2021, en déposant au pied de chaque cep du sable additionné de spores de mycorhizes.

Stress hydrique modéré

Les mesures commencent en 2022, année où le déficit de pluviométrie est sévère : - 40 % par rapport à la moyenne. Les températures sont très élevées dès le mois de mai. Et les expérimentateurs relèvent un stress hydrique modéré. Dans ces conditions, les plants inoculés en mycorhizes ont un rendement supérieur de 40 % au témoin : 1,4 kg/pied, contre 1 kg. Et le poids moyen des grappes de ces plants est supérieur de 26 % à celui du témoin.

L’année suivante, les résultats sont moins probants. Il y a certes une différence de rendement entre les deux modalités, avec 3,3 kg/pied traité, contre 3 kg pour le témoin. Mais cette différence n’est pas significative. « Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives de cet essai, précise Constance Cunty, ingénieure au Centre du rosé, partenaire de l’essai, basé à Vidauban. Le bénéfice de la mycorhization semble plus visible en situation de contrainte hydrique marquée. Sur les autres paramètres agronomiques que nous avons suivis (vigueur, croissance végétative), nous n’avons pas observé de différence. S’agissant des vins, il n’y a pas d’effet sur l’acidité, mais le titre alcoométrique de ceux issus de plants mycorhizés est supérieur de 0,5 % vol. au témoin, les deux années. »

Des résultats spectaculaires

De son côté, Mycéa a travaillé sur une vigne de 40 ans à Faugères. Comme Mycophyto, cette start-up a commencé par effectuer des prélèvements dans le but d’identifier les mycorhizes endémiques et les reproduire avant de les inoculer à la vigne, en mai, au stade nouaison-petit pois. Son essai comporte trois modalités : un témoin, des plants mycorhizés avec 100 spores par pied, et des plants qui ont reçu 800 spores par pied. Chaque modalité porte sur 35 pieds. Les mesures ont été réalisées sur les trois pieds centraux de ces placettes.

Là aussi, les résultats pour 2022, année de forte sécheresse, sont spectaculaires : le rendement des plants mycorhizés à 800 spores est le double du témoin, avec 1,1 kg/cep, contre 500 g. La modalité à 100 spores, elle, est supérieure de 60 % au témoin (800 g/pied).

Tests moins probants en 2023

Et comme dans le Var, en 2023, il n’y a plus de différence de rendement, lequel se situe partout entre 1,2 et 1,3 kg/cep. Là aussi, le printemps était davantage pluvieux. Le stress hydrique moins marqué pourrait donc être à l’origine de cette uniformisation des résultats. Mycéa avance également une autre explication. En 2022, le taux de mycorhization mesuré trois mois après l’inoculation était différent entre les trois modalités. Mais un an plus tard, il n’y a plus de différence. « Les champignons mycorhiziens se sont diffusés jusqu’aux témoins, ce qui est plutôt une bonne nouvelle », avance Pierre-Jean Moundy, cofondateur de Mycéa.

Chercheur à l’Inrae de Dijon, Pierre-Emmanuel Courty travaille sur le sujet depuis plus de dix ans. « Une multitude de facteurs interviennent dans l’efficacité de la mycorhization : le porte-greffe, le cépage, les couverts végétaux, la nature du sol (acide ou basique), l’âge de la vigne, etc. On sait par ailleurs que ce n’est pas forcément la diversité mycorhizienne qui améliore le fonctionnement de la vigne. Et on sait qu’il n’existe pas de solution de mycorhization universelle, qu’on pourrait appliquer partout en France. Il faut multiplier les essais pour progresser. »

 

Des pompes à eau et à phosphore

Une mycorhize résulte de la colonisation des racines d’un végétal par le développement dans le sol du réseau filamentaire d’un champignon microscopique. Cette symbiose permet à la plante d’accéder à des minéraux – en premier lieu le phosphore – qu’elle n’atteindrait pas autrement. Il en va de même pour l’eau. Plus fins que les racines, les filaments du champignon mycorhizien pénètrent la microporosité du sol pour aller absorber l’eau qui y persiste lors de périodes sèches. En retour, la plante fournit au champignon des sucres et d’autres nutriments carbonés. Un échange de bons procédés qui ne fonctionne que si le sol offre les conditions nécessaires au développement du champignon. Dans ce but, il faut proscrire le travail du sol en profondeur, qui détruit le réseau mycélien. Les couverts végétaux lui sont en revanche très bénéfiques.

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Tous les commentaires (2)
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Hassna Le 09 février 2024 à 19:27:49
Bonjour Félicitations pour ces résultats. Question : avez vous déterminé le taux de mycorhization ( % d'établissement de la symbiose mycorhiziens dans vos racines) Cordialement
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Mg Le 17 janvier 2024 à 17:37:10
Bonjour On connaissait cette activité des mycorhizes chez les Acacias Sénégal ( fabacees) avec une amélioration très nette de la survie des jeunes plants aux champs Cordialement G Merlin biologiste zones sahéliennes
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