ès le début de l’année prochaine, les accises appliquées aux vins tranquilles et effervescents aux Pays-Bas passeront de 88,30 euros l’hectolitre pour les produits titrant plus de 8,5% à 95,69 €, soit une hausse de 7,39 €/hectolitre. Pour les produits titrant moins de 8,5%, elles passeront de 44,24 € à 47,95 € (+ 3,71 €/hl). Pour les produits intermédiaires, c’est-à-dire les vins fortifiés et autres vermouths, la hausse sera de 8,87 €/hectolitre jusqu’à 15% d’alcool, pour s’élever à 114,85 €/hl, et de 12,50 € pour les produits titrant plus de 15% (161,80 €). Dans tous les cas, l’augmentation reste identique, à +8,4%.
Cette majoration est bien moindre que ce que souhaitait appliquer le gouvernement néerlandais : le projet fiscal pour 2024 prévoyait en effet d’augmenter de 16,3% les accises sur l’alcool dans le cadre du financement du plan de lutte contre la pauvreté, mais aussi dans un contexte plus large de restrictions sur la commercialisation de boissons alcooliques. Au mois de juin dernier, le secrétaire d’Etat à la Santé Maarten van Ooijen cherchait à mobiliser un soutien parlementaire en faveur d’une interdiction de l’alcool dans les cantines sportives et d’une hausse significative des droits d’accise, voire même de l’instauration d’un prix minimum pour les boissons alcooliques. Dans le même temps, certaines villes néerlandaises, comme Utrecht, Haarlem et Groningen ont décidé d’interdire la publicité en faveur de l’alcool sur les panneaux d’affichage municipaux.
Dans le cas des accises, la décision de réduire de moitié la hausse prévue a pu être motivée par des inquiétudes concernant les achats transfrontaliers. Même avant la majoration des accises, certains médias faisaient état d’une augmentation de l’ordre de 16% du prix des boissons alcooliques aux Pays-Bas, poussant les Néerlandais à franchir la frontière notamment vers l’Allemagne. « La hausse des prix ces dernières années a été provoquée notamment par des coûts plus élevés en matière de transport et de matières sèches, des taxes environnementales et dans certains cas, en raison de récoltes plus faibles qui ont entraîné une revalorisation du prix du vin lui-même », note Hans Burghoorn, directeur de l’Association royale des négociants en vins néerlandais (KVNW). Et de préciser que, pour les accises elles-mêmes, il s’agit de la première hausse depuis quelques années.
Il n’empêche que l’Allemagne voisine n’applique pas d’accises sur le vin, et que la France n’est pas très loin des Pays-Bas. « De plus en plus de consommateurs achètent leur vin au-delà des frontières », déplore Peter van Houtert, président de la KVNW. « Avec cette nouvelle augmentation des accises aux Pays-Bas, la différence sera très importante et nous inciterons les consommateurs à franchir la frontière, où le carburant et d'autres produits sont également moins chers ». Estimant qu’il est « totalement invraisemblable » que l’Allemagne modifie sa politique en matière d’accises, le directeur de la société Verbunt Verlinden considère que « la question est de savoir si les recettes supplémentaires prévues seront effectivement touchées – il se pourrait bien que moins de droits d'accise soient perçus. Cela s’est déjà produit ».