Marie-Astrid Gossé : Les consommateurs sont demandeurs d’une approche durable sur l’ensemble de la chaîne de production, nos clients recherchent des bouteilles allégées et nos équipes travaillent beaucoup sur la réduction du poids des emballages standards non réemployables. En 2009, nous avons lancé la gamme Ecova, avec des centaines de réduction de poids sans réduire les caractéristiques techniques et le design de ces bouteilles. À chaque allégement, cela revient à une innovation à part entière pour le bureau d’études, la ligne... Dans une logique d’amélioration continue, les bouteilles sont allégées et allégées à nouveau.
Nous lançons cette fin d’année les bouteilles "Air bordelaise 300g"*. Des bouteilles ont déjà été lancées à 300 g, mais sans connaître le succès comme leur design était trop différent des codes habituels. Là, nous avons une forme haute, une stature et de l’allure. On retrouve un design statutaire. Nos clients sont soucieux de design, il faut trouver un mix entre poids et esthétique. C’est tout le défi pour le service R&D. Nous lançons deux teintes : blanc et vert, avec une bague à vis pour commencer. Par rapport à la crainte que le positionnement premium d’un vin soit défini par le poids de sa bouteille, des études de neuromarketing auprès des consommateurs montrent que la différence de poids n’est pas perçue.
Quelles sont les prochaines étapes de développement de la gamme Air : l’absence de bague de vis, un modèle Bourgogne… ?
Nous allons chercher à poursuivre l’allégement sur les standards actuels. La construction de l’offre Air doit répondre aux attentes. Nous avons de premiers volumes disponibles pour le lancement. Notre ambition est de continuer à améliorer l’impact carbone de nos bouteilles.
Quel est l’impact sur le coût des bouteilles de les alléger ?Verallia ne veut pas que le prix soit un frein à l’allégement. Nous souhaitons que nos références Ecova et Air aient beaucoup de succès. Sachant que l’allégement des bouteilles a un impact pour les clients : la réduction du coût de transport de leurs vins, moins lourds.
Dans l’écoconception, il n’y a pas que le poids, il y a aussi les teintes, la pallettisation, le recyclage… 82 % des emballages en verre sont recyclés en France. L’enjeu est développer un outil de tri pour optimiser la séparation entre verre blanc et coloré pour optimiser la sélection lors du recyclage. Il faut explorer toutes les pistes, nous avons besoin d’un ensemble de solutions. La décarbonation en est une. Les ¾ de nos émissions viennent de nos fours, de la fusion. De nouvelles technologies de four électrique arriveront en 2024 à Cognac (pour les teintes blanches et extrablanches), ainsi qu’un four hybride électrique/gaz attendu en Espagne (pour les verres colorés).
Comment percevez-vous les approches différentes du recyclage et du réemploi des bouteilles de verre ?
On est convaincus que le complément de l’écoconception, c’est le réemploi. Il n’y a pas d’antagonisme. C’est système qui existait en France, et dont il subsiste encore quelques usages dans le réseau CHR. Le réemploi permet une réduction significative de l’empreinte carbone dans le cas d’un écosystème mûr. Pour en faciliter la mise en place, Verallia appuie deux initiatives : l’investissement dans Bout à Bout, la plus grande usine française de lavage de bouteilles, et le travail avec CITEO pour développer avec d’autres verriers une gamme standard nationale.
* : Pour comparaison, la gamme Ecova en bouteille bordelais a d’abord commencé à 405 g avant d’arriver à 370 g actuellement.