asard du calendrier, ou clin d’Å“il bruxellois, la réglementation sur le nouvel étiquetage des informations nutritionnelles et liste d’ingrédients entre en vigueur pour tous les vins produits à partir de ce vendredi 8 décembre, journée de… l’immaculée conception. Mais cette réglementation n’est pas née d’elle-même ! Elle a été âprement désirée, demandée et défendue par la filière vin, qui a troqué un système dérogatoire, l’absence d’étiquetage, pour un autre, la possibilité inédite de dématérialiser ces informations via QR Code (ou puce RFID).
Dans son Éthique à Nicomaque, Aristote pose que « plaisir et peine s'étendent tout au long de la vie […] puisqu'on élit ce qui est agréable et qu'on évite ce qui est pénible ». Devant son étiquette à micmac, la filière vin doit reconnaître qu’elle a voulu s’éviter la pénibilité d’un étiquetage physique obligatoire de ses listes d’ingrédients et d’informations nutritionnelles semblable à celui des produits agroalimentaires, mais qu’elle ne trouve guère agréable la mise en Å“uvre de cette nouveauté... Créée sur mesure, au terme de longs débats et d’interminables négociations à Bruxelles, l’alternative à l’étiquetage physique de ces informations essuie les plâtres de la nouveauté réglementaire.
En témoigne une mise au point récente, l’obligation de préciser "ingrédients" au-dessus du QR Code, qui cause l’émoi du Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV), sans que la Commission Européenne ne dévie de sa grille de lecture. Et sans que toutes les incertitudes soient levées sur la langue de ladite précision "ingrédients" ou sur les obligations de QR Code pour l’export (ce qui serait illicite pour certains marchés). Devant désormais rentrer dans les mÅ“urs, des producteurs comme consommateurs, ce nouvel étiquetage pourrait conduire les premiers à réduire leurs additifs Å“nologiques et les seconds à mieux appréhender les vinifications (comme avec la précision sur le rôle antioxydant des sulfites). Reste à déterminer si cet étiquetage ouvrira à la voie à d’autres mentions obligatoires : mentions sanitaires comme en Irlande, consignes de tri comme en Italie… La sagesse antique était claire : « l'étiquette ne doit pas être plus grosse que le sac » écrivait Lucien de Samosate dans son Éloge de Démosthène.