vant l’entrée en vigueur ce 8 décembre de la nouvelle obligation d’étiquetage des ingrédients et des informations nutritionnelles, la période est aux « mauvaises nouvelles » regrette Ignacio Sanchez Recarte, secrétaire général du Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV), ce 29 novembre lors d’une conférence de l’Union des œnologues de France sur le salon Sitevi (à Montpellier). Notant que le règlement européen de base donne peu d’informations sur la mise en œuvre de l’étiquette électronique, l’expert des politiques européennes ne peut que regretter que les précisions et autres règles additionnelles se soient bousculées ces 6 derniers mois… Mises au point qui culminent avec la publication de lignes directrices par la Commission Européenne ce 24 novembre, soit deux semaines avant l’entrée en vigueur de la réglementation (pour les vins produits à partir de ce moment).
En indiquant que la mention "ingrédients" devait accompagner les QR Code sur l’étiquette, sans que la lettre « i » soit acceptée pour indiquer cet accès à des informations, la Commission Européenne réalise une surinterprétation pour Ignacio Sanchez Recarte. Espérant un changement de doctrine de Bruxelles face aux oppositions de pays producteurs (européens et tiers), le secrétaire général du CEEV regrette une mise au point aussi tardive (alors que des étiquettes ont été anticipé en masse) et mettant en danger le marché unique avec des contre-étiquettes unique par pays (à cause de la langue d’"ingrédients" qui reste source d’interprétations). « Nous n’avons pas de recommandation aujourd’hui sur la façon d’identifier les ingrédients » indique Ignacio Sanchez Recarte, qui espère des évolutions d’ici la fin de la semaine.
Autre point flou, l’étiquetage des vins européens qui seront exportés. En l’état, le règlement européen impose d’inclure les informations nutritionnelles et les ingrédients : de quoi fermer l’accès à certains marché (comme les États-Unis où ces mentions sont codifiées différemment et toute autre mise en forme est illégale). Mais les états membres pourront mettre en place des dérogations : les discussions nationales doivent avoir maintenant avoir lieu évoque Ignacio Sanchez Recarte. Autre point de vigilance, la taille minimale du QR Code sur l’étiquette n’est pas définie. « À vous d’assurer que le QR Code soit lisible avec votre imprimeur. En général, on dit qu’il ne faut pas passer en dessous de 1,5 cm, sinon il peut y avoir des problèmes à scanner correctement » indique le secrétaire général du CEEV. Avec la disparition annoncée du code-barres pour 2027, Barbara Lasiello, la responsable de l’engagement pour les vins et spiritueux de l’association GS1 France, évoque une autre évolution à venir : un QR Code augmenté (le "Digital Link"), avec des liens possibles avec le QR Code réglementaire (un accès aux données légales sur smartphone et aux caractéristiques commerciales quand le caissier scanne le produit).
« On constate que la liste des obligations sur les étiquettes, ça commence à faire beaucoup, ça augmente de manière considérable. On commence à se demander si un jour aura suffisamment de place pour mettre tout ce qu’il y a à mettre… » note le professeur Pierre-Louis Teissedre de l’Institu des Sciences de la Vigne et du Vin de Bordeaux. Pour le président de la Commission Sécurité et Santé de l’Organisation Mondiale de la Vigne et du Vin (OIV), « d’autres problèmes d’étiquetage vont arriver. Un certain nombre d’états et d’acteurs souhaitent passer outre les recommandations européennes actuelles en matière d’étiquetage des recommandations de santé. » Citant le cas de l’Irlande (« pourtant pays membre de l’Union Européenne ») qui impose des messages sanitaires sur les boissons alcoolisées (à partir de 2026), l’œnologue rapporte la création par l’OIV d’un groupe de travail dédié aux avertissements en matière de santé, « pour qu’il n’y ait pas de dérive et essayer d’aboutir à quelque chose d’équilibré et approprié. On y travaille depuis un an, une résolution est en cours d’avancement, pour espérer aboutir à une proposition à l’Union européenne afin d’éviter que l’on ait la proposition irlandaise » comme base réglementaire dans toute l’Union Européenne.