ierre Galet naît le 28 janvier 1921 à Monaco. Diplômé de l’École d’agronomie de Montpellier, il est embauché en 1944 au service de contrôle des bois et plants de vigne, tout juste créé pour contrôler les pépiniéristes. L’idée est aussi de recenser et de classer les porte-greffes et hybrides producteurs directs, nombreux à l’époque et au sujet desquels il n’existe que peu de données.
Avec Henri Agnel, un autre ingénieur, il met au point une méthode d’identification des vignes plus complète que celles de ses illustres prédécesseurs, les savants Pierre Viala, Gustave Foëx, Louis Ravaz, etc. Le tandem introduit de nouveaux critères, comme la description des jeunes rameaux, des fleurs, le bourgeonnement, la pilosité, la forme des feuilles, la disposition des vrilles… Il découvre aussi l’importance de la longueur des cinq nervures principales d’une feuille et des écarts angulaires entre elles.
Leur livre Les Porte-greffes écrit par Pierre Galet et illustré par Henri Agnel sort avec succès en 1946.
Puis Pierre Galet devient enseignant-chercheur en ampélographie à l’École nationale supérieure agronomique de Montpellier, un poste qu’il occupera jusqu’en 1987. Pour les besoins de l’enseignement, il crée un système de notation de 0 à 9 pour tous les caractères utiles à l’identification des variétés de vignes et invente des abaques pour simplifier ce travail. À la fin des années 1940, il participe au transfert des collections de l’école d’agronomie vers le domaine de Vassal, à Marseillan-Plage, dans les sables où le phylloxéra ne survit pas, devenu un conservatoire mondial des ressources génétiques de la vigne.
Toujours à la pointe du progrès, Pierre Galet a l’idée d’utiliser la machine mécanographique à cartes perforées de Bull, ancêtre de l’informatique, en la faisant adapter à sa discipline. Tous les cépages et leurs caractéristiques étaient codifiés sur de telles cartes, ce qui permettait de faire facilement des tris en les insérant dans la machine. Elle sera employée jusqu’à l’arrivée des ordinateurs.
En 1967, le chercheur passe sa thèse de doctorat intitulée « Recherches sur les méthodes d’identification et de classification des vitacées des zones tempérées », qui constitue une synthèse complète des données existantes et de ses propres travaux sur les genres Vitis et Ampelopsis, ainsi que les vignes vierges.
À partir de 1977, Lucie Morton, une de ses anciennes élèves américaine, traduit ses livres dont son Précis d’ampélographie en anglais. Leur publication donne au chercheur une dimension internationale. Pierre Galet a formé beaucoup d’élèves venus de l’étranger. Grâce à eux, il voyage dans le monde entier, explorant les vignobles, recensant les variétés de vignes, prélevant feuilles et pépins, notant scrupuleusement ses observations. Ici ou là, il identifie des erreurs, affirmant par exemple que de nombreux cabernets-sauvignons du Chili sont, en réalité, du carménère, ou qu’un cépage donné comme un pinot en Californie est du melon de Bourgogne.
Inlassablement, il immortalise ses connaissances dans des ouvrages, 46 au total, dont le fameux Dictionnaire encyclopédique des cépages et de leurs synonymes publié en 2000 et réédité en 2015. En 2016, le Grand Prix de l’OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin) lui est attribué pour cet ouvrage et pour l’ensemble de son œuvre.
Pourtant, Pierre Galet a eu durant toute sa carrière des tensions importantes avec l’administration et sa hiérarchie. Au point qu’il n’a pas souhaité léguer ses archives à l’école de Montpellier ni à l’Inrae et qu’il les a données de son vivant au Centre d’ampélographie alpine, à l’exception de 30 herbiers qui ont rejoint les collections du domaine de Vassal. Pierre Galet meurt le 30 décembre 2019 à l’âge de 98 ans. Le dernier livre sur lequel il travaillait, une somme sur les vitacées, presque achevé avec 2 000 pages écrites, ne verra sans doute jamais le jour.