’est un bel hommage que Clotilde Verriès a souhaité rendre à Pierre Galet, ampélographe visionnaire, en réalisant un film retraçant la vie et l’œuvre de cet infatigable spécialiste mondial de l’ampélographie. Au fil d’interviews menés dans les dernières année de sa vie, on découvre l’incroyable parcours de jeune ingénieur agronome, qui tout juste diplômé, s’est intéressé à une discipline encore balbutiante : l’ampélographie dont il a été un des pères fondateurs, grâce à sa méthode de caractérisation des cépages, basée sur des mesures de longueur et d’angles de la feuille de vigne, qui fait encore référence aujourd’hui.
Il a également contribué au développement d’une collection ampélographique unique au monde : un patrimoine scientifique riche de 2 700 cépages, 800 hybrides, d’abord implanté sur le domaine de Vassal à Marseillan dans l’Hérault, et en cours de transfert sur le site de l’Inra de Pech Rouge dans l’Aude.
Pendant plus d’une heure, le film dessine le portrait de cet homme facétieux, qui livre toutes les anecdotes qui ont ponctué sa carrière : sa « guerre » avec Jean Branas, son ancien professeur qu’il traite de « bandit » suite à toutes les chausses-trappes qu’il met en œuvre pour brider l’ascension de ce jeune et brillant étudiant par crainte qu’il ne lui fasse de l’ombre, ses relations d’amitié et de complicité avec ses étudiantes étrangères, dont certaines assureront la traduction de ces ouvrages, ses voyages aux quatre coins de la planète pour recenser et identifier toutes les variétés de vigne et de porte-greffes.
Lors d’un voyage en Californie en 1985, il révèle la présence de phylloxera dans le vignoble de la Napa Valley, contredisant alors l’université de Davis. Une information dont les producteurs californiens lui seront reconnaissants. « Bravo Monsieur Galet. Pour une fois, on nous dit la vérité», lui a confié l’un d’eux à l’issue d’une conférence sur le sujet. La réalisatrice jongle entre les interviews et les documents d’archive, qui illustrent le travail colossal mené jusqu’à son décès en décembre 2019 à 98 ans. « Je quitterai la terre sereinement, ayant je pense fait œuvre utile pour renseigner tous ceux que la culture de la vigne intéressait. Rendez-vous donc à la prochaine réincarnation (…) qui me sera peut-être plus favorable », conclut-il à la fin du film.
Le documentaire sera projeté en avant-première le 10 mai à 18 heures à l’Institut Agro Montpellier, suivi d’une table ronde en présence de la réalisatrice et des différents scientifiques présents dans le film.
Aperçu de Pierre Galet dans le documentaire de Clotilde Verriès.