Nous sommes fiers de célébrer aujourd’hui un scientifique qui a changé la donne de l’ampélographie, grâce à son approche morphométrique de la discipline », a commencé Anne-Lucie Wack, directrice générale de Montpellier SupAgro, ce mercredi 6 avril. Le coup d’envoi était lancé pour une succession d’hommages au vieux maître de 95 ans, d’une inusable vitalité. Enseignant-chercheur de 1946 à 1987 à la chaire de viticulture de Montpellier SupAgro, Pierre Galet a consacré sa vie à cette science de l’identification et de la description des variétés de vigne.
Un savoir patiemment acquis, en épluchant toutes les publications existantes à l’époque et en arpentant les vignobles. Il fut à l’origine de l’ampélographie moderne, mettant au point une méthode de caractérisation des cépages, basée des mesures de longueur et d’angles de la feuille de vigne. Il a également contribué au développement d’une collection ampélographique unique au monde : un patrimoine scientifique riche de 2 700 cépages, 800 hybrides, aujourd’hui implanté sur le domaine de Vassal et prochainement transféré sur le site de l’Inra de Pech Rouge
Chercheurs et enseignants, mais aussi anciens élèves se sont succédé à la tribune au cours de cette cérémonie-hommage orchestrée par Jean-Claude Davidian, professeur de Montpellier SupAgro, aujourd’hui retraité. Lucie Morton, étudiante en 1973, qui exploite aujourd’hui un vignoble en Virginie (États-Unis), a fait spécialement le voyage pour témoigner sa reconnaissance à son mentor, dont elle a traduit les ouvrages. « Il y a 40 ans, je suis venue ici pour apprendre la viticulture, je ne savais rien. J’ai tout appris ici. Aujourd’hui, rien ne me fait plus plaisir quand j’entends dire de moi : Elle a été l’élève de Pierre Galet, à Montpellier », a-t-elle témoigné.
Erika Maul, du Julius Kühn Institut, de Siebeldingen, en Allemagne, a elle aussi tenu à venir pour honorer autant le professeur que l’ami qu’il est devenu. Rappelant son exigence – « si vous travaillez, vous aurez mon soutien », lui serinait-il – elle a aussi souligné sa « proverbiale mémoire encyclopédique et sa capacité à classer cette somme d’informations, chacune dans la bonne case ». Elle n’est pas venue les mains vides : dans sa valise, elle a rapporté pour son maître des feuilles de vigne du fin fond de la Chine. « Probablement des Vitis Pentagona, mais c’est à vous de me le confirmer », lui a-elle lancé. Autre ancien élève, Alain Carbonneau, a exprimé son admiration à travers l’éloge le plus poétique de la journée, honorant son maître d’un texte tout en alexandrins. Démarrant par ces mots :
« Souffrez mon cher Maître, qu’un de vos anciens élèves
Aujourd’hui vous honore et porte admiration,
C’est bien l’œuvre du temps et un travail sans trêve
Qui forgèrent à jamais votre réputation… »