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Ces vignerons bordelais arrachent "au bord du dépôt du bilan"
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Témoignages
Ces vignerons bordelais arrachent "au bord du dépôt du bilan"

Depuis ce 20 novembre, les vignerons bordelais peuvent se porter candidat à l’aide à l’arrachage. Ceux qui franchissent le pas expliquent pourquoi.
Par Colette Goinère Le 21 novembre 2023
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Ces vignerons bordelais arrachent
S

a décision est prise. Il arrache. «  J’ai plus de frais que de bénéfices. Il y a cinq ans, la coop nous payait 130 €/hl de bordeaux rouge contre à peine 75 €/hl aujourd’hui. On ne peut pas continuer ainsi », lâche Bernard Daraignès, à la tête de château Haut Bonfils, à Espiet, qui apporte toute sa récolte à la coopérative de Sauveterre. Son activité de prestataire de travaux viticoles n’est pas mieux lotie. « Beaucoup de mes clients n’ont pas de relève ou n’arrivent plus à me payer », déplore-t-il.

Si les prix ne remontent pas d'ici fin 2024, j'arrête tout

Alors, sur ses 49 ha, Bernard Daraignès a fait une demande d’aide à l’arrachage pour 20 ha. Sur 12 ha il veut produire du foin et renaturer 8 ha. L’avenir ? « Le marché va s’assainir », veut-il croire. En attendant, si les prix ne remontent pas d’ici fin 2024, c’est sûr, il arrête tout. Sa fille qui devrait reprendre l’exploitation cette année a renoncé.

A Castelviel, Sébastien Léglise à la tête des vignobles Falgueyret Leglise, subit de lourdes pertes de marchés à l’export. Sur ses 57 ha, il produit du bordeaux et de l’entre-deux-mers qu’il écoule à 70 % à l’export, le reste en France. « Un de mes importateurs trouve des bordeaux livrés à Shangaï à 1,35 €/col quand je suis à 2,30 €. Le négoce casse les prix et coule les viticulteurs ; ce n’est pas acceptable », lâche-t-il. Et de confier : « Je suis au bord du dépôt de bilan ».

L'oenotourisme pour rebondir

Dans un premier temps, Sébastien Léglise a voulu arracher 35 ha pour se diversifier. Puis, il s’est ravisé. Ce 20 novembre, il a ouvert un dossier pour 5 ha seulement : sur 4 ha il veut produire des céréales et de l’olivier sur 1 ha. Pour le reste, il espère développer son chiffre d’affaires avec les particuliers. En mai dernier, il a ouvert une salle de dégustation, un gite et de deux aires de camping-car. Désormais, il compte sur l’oenotourisme pour rebondir.

Renaud Jean, négociant et viticulteur qui exploite 20 ha à Roquebrune et 20 ha à Saint Martin de Sescas veut arracher ses vignes de Saint-Martin-de-Sescas. « J’écoule mes vins par le biais de ma société de négoce, JMVB. Or de plus en plus je suis en concurrence avec des négociants qui livrent des bordeaux en Chine à moins de 1,50 €/col. En réduisant ma surface, je limite mes risques », indique-t-il.

Une prime qui sera vite mangée

Renaud Jean veut renaturer 8 ha et se diversifier sur les 12 ha restants, peut-être en y produisant de la luzerne. Il ne sait pas encore. Reste que ce scénario est loin de le satisfaire. L’arrachage des 20 ha lui coûtera 30 000 €. Pour protéger l’ensemble de son vignoble, il a dépensé 35 000 € de produits de traitements cette année qu’il n’a pas encore payés. Il a aussi acheté 500 hectos de vendange pour compenser la perte de récolte due au mildiou. La prime d’arrachage de 6 000 €/ha sera vite mangée.

57 millions d'euros

Le guichet de demande définitive d’aide à l’arrachage en Gironde a ouvert le 20 novembre. « Ce dispositif vise à arracher jusqu’à 9 500 hectares aidés à hauteur de 6 000 €/ha », rappelle la préfecture de Nouvelle-Aquitaine. Les vignerons peuvent demander cette aide soit pour « renaturer » leurs parcelles, à savoir les boiser ou les mettre en jachère pendant au moins 20 ans, soit pour y produire d’autres cultures. Lors de la campagne de précandidature qui s’est achevée mi-juillet plus d’un millier de viticulteurs ont déposé des demandes pour arracher 9 251 hectares afin de se diversifier sur les deux tiers de ces surface et de renaturer le reste. Problème, les pouvoirs publics avaient prévu l’inverse destinant à la renaturation les deux tiers des 57 millions d’euros budgétés pour cet arrachage. De ce fait, les vignerons peuvent encore se porter candidats à l’aide à la renaturation.

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Tous les commentaires (2)
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Albert Le 22 novembre 2023 à 13:12:22
Dommage qu'on n'en sache pas plus sur l'implication de ce "coopérateur" dans la marche de SA coopérative. Combien de coopérateurs cherchent à savoir comment se décide la stratégie de vinification des apports .. conditionnant on fine un accès possible aux différents marchés. J'avoue que lire " .. nous payait " .. m'amène à m'interroger sur la question de la passivité des sociétaires. La coopérative n'est rappelons-le que l'outil qui prolonge l'exploitation : je me demande si les coopérateurs ont bien toujours conscience de ça.
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augustin Le 21 novembre 2023 à 15:04:48
Rappelons que tout gérant qui constate que son actif disponible est insuffisant pour regler son passif exigible doit se déclarer en cessation de paiement dans les 45 jours Gageons que beaucoup de candidats à l arrachage et à la distillation étaient en fait deja en cessation de paiement du point de vue comptable mais que à tort ou à raison ils ont opté pour ne pas déclarer cette cessation . Souvent en jonglant avec la msa le fisc et les fournisseurs , sans oublier les banques et les bailleurs ... et ce jusqu à percevoir la subvention . C est un peu reculer pour mieux sauter car une fois la subvention perçue et consommée pour faire face aux creanciers les plus agressifs ...retour à la caisse départ! Les experts comptables Aquitains ont un rôle rimordial à jouer en la matière , tout comme les avocats, pour inciter les petits châteaux à voir la réalité en face , constater si requis la cp ...et tenter ensuite de rebondir , avec un administrateur et un juge commissaire avertis à leurs côtés. Ne pas le faire c est s exposer à une lj rapide et souvent traumatisante pour le gérant le personnel et ultimement les associés , à fortiori en scea.
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