’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) estime qu'en 2023 la production mondiale de vin devrait osciller entre 241 et 246 millions d'hectolitres (Mhl), pour une valeur moyenne de 244,1 Mhl. Comme attendu, l’organisation confirme « le recul de 7 % par rapport à la moyenne basse de la production 2022, après une tendance stable pendant 4 ans ». 2023 se caractérise même par la plus faible production mondiale de vin des 60 dernières années, depuis 1961, « en raison de la combinaison de volumes extrêmement bas dans l’hémisphère sud, ainsi que dans des pays majeurs de l’Union européenne ». Ces prévisions intermédiaires de l’OIV se basent sur le recueil des données en provenance de 39 pays producteurs, qui pesaient 94 % de la production en 2022.
L’Italie et l’Espagne enregistrent en effet une baisse signifiante de leurs volumes par rapport à 2022 (respectivement -13 et -19 % par rapport à leur moyenne quinquennale), en raison de conditions météos défavorables qui ont alternativement alimenté l’apparition de mildiou, ou des sécheresses. L’Italie passe même sous la barre symbolique des 44 Mhl (avec 43,9 Mhl), « sa plus basse récolte depuis l’historique petite récolte 2017 », souligne Giorgio Delgrosso, en charge du département des statistiques à l’OIV. Les fortes pluies qu’a connu le pays ont constitué un terrain favorable au mildiou dans le centre et les régions méridionales, pendant qu’une partie du vignoble transalpin était touché par des inondations, la grêle ou la sécheresse par ailleurs. En Espagne, ce sont les fortes températures et les effets de la sécheresse qui ont largement affecté la récolte (30,7 Mhl), « la plus basse des 20 dernières années », rappelle Giorgio Delgrosso.
La France redevient donc à cette occasion le plus grand producteur en 2023, après avoir généré un volume légèrement supérieur à sa moyenne quinquennale (45,8 millions hl (Mhl), +3 % par rapport à la moyenne quinquennale). Outre-Atlantique, les premières estimations de vendanges aux Etats-Unis font état d’une production (25,2 Mhl) non seulement plus élevée qu’en 2022, mais également supérieure de 4% à la moyenne des dernières années.
A l’exception de la Nouvelle-Zélande, dont la production 2023 (3,6 Mhl) est 14% supérieure à sa moyenne quinquennale, la totalité de l’hémisphère sud (Australie, Argentine, Chili, Afrique du Sud, Brésil) a produit des volumes de vins bien en deçà de ce qui a été produit en 2022 et de leurs moyennes quinquennales respectives. L’Argentine subit une forte baisse (-29 %) par rapport à sa moyenne quinquennale en raison du gel printanier et d’orages de grêle, l’Australie recule de 22 % pour passer sous les 10 Mhl (9,9 Mhl) et le Chili atteint tout juste ce seuil (10 Mhl) en baissant de 18 % par rapport à sa moyenne quinquennale. De ce côte des Andes, ce sont les incendies géants et la sécheresse qui ont lourdement diminué la production en 2023.


Le représentant de l’OIV souligne que les enchaînements d’aléas climatiques risquent de devenir la norme à l’avenir, et peser durablement sur la production. En miroir, la filière devra également composer durablement avec la baisse généralisée de consommation et des contextes géopolitiques et économiques moins favorables à la consommation de vin et la dépense en faveur de celui-ci. « Le monde du vin a eu à faire face à de nombreuses crises dans les 5 dernières années, dont les conséquences risquent de changer la face de la production mondiale à long terme », appuie encore le statisticien de l’OIV, « d’autant plus que l’intérêt des jeunes générations pour le vin n’est pas évident et que la concurrence avec les boissons moins ou pas alcoolisées va s’accentuer ».