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as de doute, la casse des vins importés n’a pas plu à Marc Fesneau. Le ministre de l’Agriculture dénonce la façon dont a tourné la manifestation des vignerons de l'Aude en blocage et casse de vins importés jeudi 19 octobre au Boulou, tout près de la frontière espagnole. « Il ne peut pas y avoir de violence quand bien même il y a de la désespérance, a-t-il déclaré à La Vigne Vitisphere ce mardi 24 octobre soir depuis le ministère, rue de Varennes, à Paris. Je dénonce les actions violentes. De plus, c’est une image qui ne sert pas la cause ».
Pour le ministre, les évènements qui se sont déroulés dans les Pyrénées-Orientales sont survenus dans un contexte agricole plus complexe que d’habitude avec l’Espagne. « La France entretient de bonnes relations avec l’Espagne. Ce qui a fait réussir à libérer nos bovins », se félicite-t-il. En effet, l’élevage européen traverse une crise inédite de maladie hémorragique épizootique (MHE). Alors que le nombre de foyers infectieux grimpe en flèche dans l’hexagone, l’Espagne avait bien voulu rouvrir ses frontières aux bovins français début octobre. « On est et on a un partenaire respectueux, ajoutait Marc Fesneau, à propos des deux pays. Mais ce qui est arrivé ne peut pas être vécu de cette façon par l’Espagne. La responsabilité est collective. Cela nuit à la cause agricole ». Le ministre indique enfin qu’il a pu aborder ce sujet lors du conseil européens des ministres de l'agriculture ce lundi 23 octobre avec son homologue espagnol, Luis Planas, qui a condamné le jour même de la manifestation ces débordements.

C’est dans l’intérêt de tout le monde d’avoir une viticulture puissante

Au-delà de la manifestation du 19 octobre au Boulou, Marc Fesneau a précisé que des pistes d’actions de soutien à la filière sont envisagées en supplément à celles déjà mises en place dans le Languedoc. Ke ministre affirme que « c’est dans l’intérêt de tout le monde d’avoir une viticulture puissante. Tout le monde – professionnels, Etat, négoce, etc. – est responsable, et tout le monde joue le jeu. Il y a eu des mesures d’urgence adoptées, comme la distillation et d'autres. Mais je vais revoir les responsables professionnels cette semaine, [NDLA : rencontre ce mercredi 25 octobre soir avec Jérôme Despey, président du conseil spécialisé des vins de FranceAgriMer et Jean-Marie Fabre, président des Vignerons Indépendants] et dans le courant des semaines suivantes. Car il faut de la cohérence dans ce que l’on adresse à la Commission Européenne ».
Troisième action évoquée par le ministre, la planification écologique ; ou comment la viticulture peut être plus résiliente face au changement climatique. « On a vu en 2019, 2020, etc. le résultat dans les vignobles du dérèglement climatique. Il faut regarder ce que l’on peut faire de plus à l’horizon 2035. On ne peut pas compenser avec de la distillation de la sécheresse. Il y a des mesures long terme à étudier ».

Une stratégie avec un plan de reconquête

Enfin, Marc Fesneau veut renforcer les démarches à l’export. « Il faut reconquérir les marchés. L’Espagne, l’Italie l’ont fait dans un contexte de baisse des marchés. Il faut que l’on travaille, par exemple avec Business France, sur des stratégies plus ciblées. Il faut s’intéresser à la façon dont les gens consomment le vin et réfléchir au marketing à mettre en face. Il faut penser avec le consommateur qui change. Le Languedoc Roussillon avait fait un gros travail il y a 25 ans avec une montée en gamme et de la recherche gustative. Il faut à nouveau une stratégie avec un plan de reconquête ».
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