rrêt-buffet… En cette période mondialiste, l’expression rugbystique apparaît en phase avec la sensation ressentie par la filière vin languedocienne lorsque le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a confirmé, en juillet dernier, la sentence définitive pour cette marque. « Mais nous ne baissons pas les bras, nous n’abandonnerons pas comme ça une marque sur laquelle nous avons investi depuis 16 ans, seule bannière commune à tous nos vins IGP et AOP du bassin ex-Languedoc-Roussillon », soutient Gilles Gally, président du syndicat des négociants languedociens UEVM.
Depuis les premières alertes, en 2018, adressées par l’Inao sur la contrevenance réglementaire de cette marque, caves coopératives ou particulières ont généralement pris les devants en abandonnant progressivement l’apposition du logo Sud de France sur étiquettes, contre, capsules ou cartons. Un moratoire permet néanmoins de continuer à étiqueter avec le logo jusqu’au millésime 2024 inclus. Mais le syndicat du négoce languedocien, qui n’a jamais cessé de crier son incompréhension, ne l’entend toujours pas de cette oreille et se réaffirme décidé à aller au bout de tous les recours possibles. « Nous avons apporté trois solutions juridiques alternatives », enfonce Gilles Gally, qui ajoute dans la balance le contexte actuel de difficultés de commercialisation.
« Nous ne lâcherons rien et s’il le faut nous irons jusqu’au Conseil d’Etat, la filière régionale a besoin de cette marque pour vendre à l’export », confirme également Jean-Michel Sagnier, président de la Fédération des vins IGP de l'Hérault. Si la période de transition a permis à beaucoup d’opérateurs d’expurger la mention de leurs étiquettes, l’UEVM a fait les comptes, annonçant pas moins de 100 millions de bouteilles annuelles commercialisées sous la mention Sud de France. « En extrapolant sur les 16 ans d’exploitation de la marque, on approche les 2 milliards de bouteilles, mais il faut adjoindre à ce volume les centaines de millions d’euros investis depuis 16 ans en budgets de communication à la fois par les entreprises viticoles, négoces, caves coopératives ou particulières, ainsi que l’argent des collectivités comme les ODG et la région Occitanie », abonde encore Gilles Gally.
Difficile de chiffrer exactement l’impact financier de l’arrêt de cette marque pour la plupart des opérateurs, mais l’UEVM rappelle que dans son enquête interne, trois quarts des entreprises adhérentes interrogées utilisent la marque ombrelle. « Nous chiffrons autour de 6 millions € l’ensemble des coûts directs de création graphique, impression de nouvelles étiquettes et supports, sans compter les effets commerciaux indirects qui se feront ressentir sur les marchés dans le temps », renchérit Gilles Gally. Nicolas Chebille, dirigeant du négoce Caves Languedoc-Roussillon explique même qu’il avait massivement fait le pari de cette marque en « l’apposant partout : étiquettes mais aussi capsules et cartons, tout autant que sur les fiches techniques, les plaquettes commerciales, les kakemonos ou les bannières des stands pour le salons ». 80% des vins de sa gamme faisaient mention du logo Sud de France, alors qu’il envoie plus de trois-quarts de ses vins à l’export. « C’est une double sanction, sur le plan commercial en nous privant d’un moyen de promotion et de communication collective efficace à l’export, mais également organisationnelle, en nous contraignant à renouveler les visuels de l’ensemble de notre gamme, ce que nous ferons progressivement dans la période de transition », déroule-t-il.
Entre modification de nom de bassin, de la mention traditionnelle ou l’utilisation collective de la marque, l’UEVM estime disposer d’au moins 3 alternatives juridiquement en phase avec la réglementation pour maintenir à flot la marque Sud de France. « D’autant plus que c’est un dossier derrière lequel toutes les composantes sont en phase et affichent leur soutien : particuliers, coopératives, négoce, mais aussi ODG et région », appuie Gilles Gally. La filière tient à sa marque et va continuer à le faire savoir.