ettre de caché. Lors du conseil du bassin viticole Occitanie ce jeudi 20 juillet, un courrier du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a prononcé une sentence définitive pour la marque régionale Sud de France : son incompatibilité avec la réglementation européenne la rend illicite et irrattrapable pour les emballages de vin, la condamnant à l’interdiction à partir de la récolte 2025. Les vins du Languedoc et du Roussillon pourront encore étiqueter son logo sur bouteilles et BIB pour les millésimes antérieurs (jusqu’à 2024 inclus), mais il n’y aura plus de tolérance ensuite sur tous les packagings (même si le logo reste utilisable sur des stands et évènements financés par la région Occitanie, qui déploie la bannière depuis 2006).
« Pour le moment, on a une lettre du ministre qui dit que la marque utilisée depuis plus de quinze ans est hors réglementation et qu’il n’y a pas moyen de la sauver » résume Alexandre They, le président de la Fédération des Metteurs en Marché Direct (caves coopératives et particulières). Entre campagne de distillation sous-dimensionnée et ralentissement sur les retiraisons, « on est tous catastrophés dans une période difficile : Languedoc, Roussillon, vignerons indépendants, caves coopératives, négociants… » pose Denis Verdier, le président de la section interprofessionnelle des IGP Sud de France au sein du Conseil Interprofessionnel du Vin du Languedoc (CIVL), qui regrette que la promesse de concertation évoquée l’an passé par l’ancien préfet de région, Étienne Guyot, n’ait pas été suivi d’effet. Face à « une position catégorique du ministre et de l’administration », Denis Verdier attend désormais un rendez-vous entre filière et le nouveau préfet de régio, Pierre-André Durand, qui doit se tenir après les vendanges : « on prépare une note juridique sur le droit des signes de qualité et des marques ». Si les chances d’aboutir sont faibles, les opérateurs ne comptent pas perdre la bannière Sud de France sans rien tenter.
Alors que la marque serait utilisée chaque année sur 100 millions de bouteilles, « on supprime une marque qui marche, porteuse. On peut nous dire que c’est la réglementation, mais les lois peuvent s’adapter » plaide Gilles Gally, le président de l’Union des Entreprises Viticoles Méditerranéennes (UEVM), qui rappelle les propositions de la filière : le changement du nom de bassin, une marque semi-figurative, une mention traditionnelle… « Tout a été écarté. Nous avons du mal à comprendre » regrette Gilles Gally, pour qui « on aime se tirer une balle dans le pied. On a une marque géniale, simple et compréhensible dans le monde entier. C’était la seule marque qui permettait de tous nous unir, commercialement et politiquement. C’est vraiment dommage, surtout en ce moment. »
Dans un communiqué, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, estime que « cette décision bureaucratique dénote le manque d’ambition du gouvernement en faveur du développement de la filière viticole, préférant aujourd’hui les mesures conjoncturelles aux ambitions stratégiques ». Indiquant préparer un "contrat de filière" pour le vignoble occitan, la région ajoute « maintenir et développer la marque Sud de France-l’Occitanie dans les prochaines années. L’utilité de la marque n’est plus à démontrer, singulièrement au moment où le marché du vin au niveau mondial est de plus en plus concurrentiel. Aussi, les services de la Région vont travailler étroitement avec la filière à la création d’un nouvel identifiant puissant pour soutenir la commercialisation des vins régionaux sur le marché national mais également sur le marché international. » Cette fois, un identifiant conforme à la législation pour permettre l’étiquetage. Et éviter une nouvelle lettre de gâché.




