es clichés ne crèvent jamais. Et « parmi les images d’Épinal de notre société, une en particulier semble avoir la peau dure, celle du Français grand buveur d’alcool » épingle Krystel Lepresle, la déléguée générale de Vin & Société. Sur Linkedin, elle souligne que « les nouveaux chiffres de la consommation de boissons alcoolisées dévoilés en juin par Santé Publique France, montrent combien cette image est éloignée de la réalité sociologique actuelle. Disons-le clairement, jamais les Français n’ont fait preuve d’autant de modération dans leur rapport à l’alcool. »
Le rapport publié ce 13 juin par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé Publique France indique en effet qu’« en métropole, la proportion d’adultes déclarant une consommation d’alcool se situant au-dessus des repères de consommation à moindre risque a significativement diminué (de 23,7 à 22 %) » (d’après un baromètre réalisé en 2021 par enquête téléphonique). Même si des dépassements « significativement supérieur » sont recensés en Bretagne, Pays de la Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, le niveau est bien « inférieur en Île-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et dans l’ensemble des DROM » (Départements et Régions d’Outre-Mer). Autre point d’amélioration relevé par Santé Publique France, « la connaissance des repères de consommation à moindre risque semble s’améliorer » (soit ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour et avoir des jours dans la semaine sans consommation)


« La modération est désormais un fait de société » pointe Krystel Lepresle, ajoutant que « l’arbre de l’excès ne doit pas toutefois pas cacher la forêt de la mesure », alors que « la filière vitivinicole est engagée contre toute forme d’excès depuis des décennies, via des campagnes de prévention ciblant notamment les publics fragiles ». Pour la déléguée générale de Vin & Société, « cette réalité doit appeler à construire des politiques publiques de santé et de prévention adaptées, qui ne soient ni dans l’amalgame en ciblant indifféremment tous les consommateurs, ni dans la complaisance ».
Un message de modération qu’il va falloir faire passer au ministère de la Santé, car Santé Publique France semble prendre une voie hygiéniste plus classique. L’administration s’inquiète dans son baromètre qu’un quart des Français estiment que « globalement, boire un peu de vin diminue le risque de cancer, plutôt que de ne pas en boire du tout ». Souhaitant « continuer à informer sur les risques de la consommation d’alcool, même à faibles doses », Santé Publique France vise ainsi « la poursuite des campagnes médiatiques d’information et de marketing social, mais aussi par la mobilisation de nouveaux vecteurs comme l’apposition de messages sanitaires sur les contenants des boissons alcoolisées ; cette mesure est en discussion au niveau européen. » Sans doute une référence à l’initiative irlandaise sur l’étiquetage qui fait polémique parmi les pays viticoles européens. Récemment Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, pointant que « nous avons une politique française qui a fonctionné sur les questions de réduction de la consommation en 50 ans, sans que l’on procède à des mesures unilatérales d’étiquetage. On est plusieurs à pousser en ce sens. » Et d'autres tirent à l'inverse, comme en témoigne le débat qui s'annonce sur la fiscalité du vin.