regarder les terrasses, il semblerait qu’il soit, en 2023, impossible de ne pas y repérer l’apéritif vénitien. Avec son orange vif, le Spritz, cocktail phare de la botte à base d’Apérol ou de Campari, Prosecco, eau de Seltz surmonté d’une rondelle d’orange est beaucoup de glaçons, semble avoir pris ses marques faisant passer pour ringards nos bons vieux cocktails tricolores. Ce retour de mode est poussé par une augmentation croissante des ventes de vins effervescents italiens, qui prennent des parts de marché chaque année.
Profitant de cette ouverture, la cave languedocienne Sieur d’Arques, plus gros producteur et exportateur de la région, avec presque 10 millions de bouteilles écoulées par an, se lance dans le créneau du Spritz de « Limoux ». Une version tricolore rendue possible grâce à une marque « poids lourd » de ce vaisseau amiral limouxin « Première Bulle » lancée dès 2007 en AOC Blanquette de Limoux composée de 5 cuvées totalisant 500 000 cols/an.
Ces effervescents qui n’ont cessé de s’afficher en étandard par Sieur d’Arques prennent aujourd’hui un autre chemin, celui des cocktails, mais s’adapte surtout à un marché grandissant que veut s’approprier la cave coopérative limouxine.
Couplée à la crème religieuse de mandarine commercialisée par Sieur d’Arques, la version occitane du Spritz entend se décaler de la recette originelle de l’apéritif vénitien dont le bitter , liqueur de plantes amères et d’agrumes, en est le marqueur. Mais qu’importe. En 2021, la maison Antech, voisine de la cave coopérative, avait elle aussi lancé son spritz made in Occitanie. Pour Sieur d’Arques, le lancement s’accompagne d’une force marketing imparable :
« Avec le retour en grâce des vins effervescents (de qualité !) et la mode des cocktails qui envahit toutes les terrasses, Sieur d’Arques peut espérer un bel été. Une vaste campagne d’affichage sera d’ailleurs déployée cet été sur tout notre territoire, de Toulouse à Montpellier, en passant par Carcassonne ou encore les plages narbonnaises », peut-on lire dans le communiqué de presse de la marque. Et d’ajouter : « De quoi rappeler à chacun qu’il n’est nullement nécessaire d’aller chercher de l’autre côté des Alpes, ce que nous avons largement ici. »
Un argument valable qui vient appuyer la très bonne santé de la cave coopérative dont le chiffre d’affaires a dépassé 35 millions d’euros en 2022.