Sylvain Naulin : Des raisons personnelles d'abord : je n'ai jamais caché mon intérêt pour la Bourgogne. Je connais bien le sud du vignoble car j'ai travaillé à la DDAF [Direction départementale de l'agriculture et de la forêt, désormais DDT, ndla] à Mâcon en début de carrière. À l'époque j'avais travaillé sur le contrat Qualité +, avec le BIVB d'ailleurs.
Les défis qui m'attendent sont passionnants. La Bourgogne est dans une période prospère, et il faut veiller à poursuivre dans cette voie. Je pense à la question de la variation des prix, qui est complexe et passe par des outils collectifs. J'apprécie aussi la complexité de ce vignoble, ses nuances. En venant de l'extérieur on a l'image de la Bourgogne immuable, historique, mais la réalité est plus compliquée, avec ses plus de 4 000 entreprises viticoles, que l'interprofession doit fédérer.
J'arrive le 17 juillet, la vendange 2023 sera donc le premier sujet qui va m'occuper : comment appréhende-t-on cette récolte - qui s'annonce, pour l'instant, très correcte - par rapport aux demandes des marchés ?
En parallèle je vais me plonger dans le plan Objectif Climat, qui consiste pour la filière bourguignonne à réduire son impact carbone de 60 % d'ici à 2035. Avec mon prédécesseur, le BIVB a beaucoup avancé sur la question, et c'est le moment de la mise en œuvre concrète.
Loire et Bourgogne sont deux vignobles septentrionaux qui ont beaucoup en commun, et notamment certaines problématiques. La réduction des émissions de gaz à effet de serre est aussi une priorité chez InterLoire, et de ce point de vue je ne serai pas dépaysé. La taille de ces deux vignobles est également comparable, avec chacun environ 1 % des volumes mondiaux. Cela signifie qu'en termes de quantités, ils sont remplaçables. C'est un point essentiel dans un contexte de concurrence internationale accrue. Enfin les deux vignobles partagent de nombreux défis techniques, sur la durabilité du vignoble notamment.
En termes de valorisation, La Loire est allée moins loin que la Bourgogne. C'était d'ailleurs l'un des axes de travail à InterLoire : développer la valorisation des vins sur les marchés, en passant par différents leviers, l'augmentation de l'export notamment.
La question de la marque est aussi différente entre les deux vignobles. Malgré leurs différences, les Bourguignons se fédèrent autour du mot Bourgogne ; dans la Loire, cet aspect est en cours de construction.
Sylvain Naulin remplace Christian Vannier, qui quitte l’interprofession après 6 ans à sa tête. Prenant une dernière fois la parole en tant que directeur du BIVB ce mardi 27 juin, le Jurassien d’origine a reçu les remerciements chaleureux des deux présidents du BIVB, François Labet et Laurent Delaunay, ainsi que des applaudissements nourris de l’assistance. Sa pugnacité dans différents dossiers, de la Cité des Climats et vins de Bourgogne à Qanopee, ont été salués.