e groupe des jeunes du Syndicat des vignerons indépendants d’Alsace (Synvira) compte une cinquantaine de membres et 24 d’entre eux se sont retrouvés lundi 26 juin au château de la confrérie Saint-Etienne à Kientzheim pour présenter en deux temps, aux professionnels d’abord entre 14 et 18 h, au grand public de 19 à 22 h, quatre vins chacun dont trois obligatoirement issus d’un grand cru, d’un lieu-dit ou d’une appellation communale.
« Le terroir est l’ADN de ce groupe » rappelle son responsable Victor Roth, vigneron à Soultz. Audrey et Loïc Weinzaepfel, de la même commune, acquiescent. « Le terroir fournit des vins de caractère » disent-ils. Frère et sœur se sont installés en 2019 pour redémarrer la vente en bouteilles en « respectant » leurs vieilles vignes. Cinq de leurs douze hectares sont âgés de plus de 65 ans. « Elles nous autorisent de grands vins, secs, équilibrés, avec de belles tensions, longs en bouche, qui procurent une émotion quel que soit le cépage ».
A Nothalten, Marine Sohler, à la tête d’un domaine de 12 ha avec sa sœur Lydie, partage le même souci « d’aller au maximum vers le sec », notamment pour les vins du grand cru Muenchberg 2022 qui « vont rester plus longtemps en cave ». « Nous signons nos vins avec un peu plus d’amertume. C’est une évolution dans la gamme de nos parents, pas une révolution » assure-t-elle.
En 2021, Charlotte Boxler, du domaine Justin Boxler à Niedermorschwihr, a vinifié en sec ses pinots gris et ses gewurztraminers. « Il faut profiter de la richesse et de la diversité de nos sols, notamment dans mon cas le granite, pour proposer des vins plus tranchés ». Avec cette inflexion de gamme, la viticultrice entend casser l’image des vins d’Alsace qui sortent essentiellement des caves à l’occasion des fêtes de fin d’année. Non, pour elle, les Alsace sont à consommer douze mois sur douze et doivent parvenir à toucher une nouvelle clientèle.
Antoine Barthelmé, du domaine Albert Mann à Wettolsheim, a choisi de s’inscrire dans la continuité. « Je prends exemple sur la génération qui m’a précédé. Mes parents, ma tante et mon oncle ont fait du très bon boulot ». L’entreprise familiale est en bio depuis trente ans, en biodynamie depuis vingt-cinq. « Nos vins sont entièrement élevés dans de l’inox. Ils vieillissent très bien. Je ne vois pas pourquoi j’en changerai le style ! Mon rôle sera davantage de relever les défis climatiques ».
Antoine Barthelmé a bien un rêve : dans l’absolu et par souci écologique, il aimerait vendre la totalité de sa production dans sa région d’origine. Le domaine exporte actuellement 50 % de ses vins sur des marchés étrangers qui ont participé à la construction de sa (très bonne) notoriété.