’union varoise de coopératives Estandon fait un choix de gouvernance majeur en se constituant en société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Réfléchie depuis longtemps, l’idée s’est finalisée le 22 juin, à l’occasion de trois assemblées générales. La 1ère, ordinaire, suivait la voie statutaire classique, précédant une 2ème assemblée générale, extraordinaire, pour voter la transformation statutaire de l’union. Enfin, une 3ème assemblée générale constitutive a finalisé le processus en validant les nouveaux statuts et installant le nouveau conseil d’administration coopératif.
Avec ce changement, l’union Estandon fait le choix d’accentuer son engagement social en intégrant les salariés et viticulteurs dans son processus de gouvernance. 130 nouveaux sociétaires accèdent donc depuis le 22 juin à l’un des 5 collèges de vote des décisions de cette nouvelle SCIC. « Le choix de ce statut intervient après une longue réflexion de R&D juridique sur les possibilités envisageables. Le choix habituel des unions de coopératives se porte sur la filialisation, qui présente le désavantage d’éloigner la production des processus décisionnels », explique Philippe Brel, directeur général d’Estandon, « nous avons fait le choix d’aller vers ce statut, répandu dans le milieu associatif mais pionnier pour une union de coopératives ».
Contre un symbolique ticket d’entrée de 100€, 88 viticulteurs coopérateurs, 33 salariés de l’union et 9 salariés des caves adhérentes ont fait le choix d’intégrer la gouvernance participative de cette nouvelle formule, « où une personne = une voix », rappelle Philippe Brel. Dans cette nouvelle gouvernance, « les structures associées vendant plus de 15 000 hl par an de vin à la SCIC pèsent 30% des votes, celles de moins de 15000hl pèsent 20%, les bénéficiaires 30%, et les salariés ou bénéficiaires associés 10% », détaille Philippe Brel. Avec une rémunération plafonnée à 3% de leur engagement, ce n’est pas l’intérêt financier que sont venus chercher les sociétaires de la SCIC. De la même manière, la création de cette SCIC-SAS n’est pas un moyen détourné de permettre l’accès de l’union à de nouveaux investisseurs. « Ils n’auraient leur place dans aucun collège, et s’il est juridiquement possible d’accueillir des investisseurs, il faudrait que ce soit approuvé en assemblée générale », situe le directeur général d’Estandon.
Représentant la partie vigneronne coopérative, le président d’Estandon Eric Lambert voit un signe fort « de rassemblement et de participation de tous au développement de l’entreprise » dans cette nouvelle gouvernance. L’entreprise s’engage donc « à assurer la primauté des engagements humains par rapport aux relations capitalistiques, à faire prévaloir l’intérêt collectif sur les intérêts individuels, à garantir le réinvestissement d’une part significative des bénéfices dégagés par l’activité économique et à associer tous les acteurs participant à l’activité de la société à la prise de décision cherchant ainsi à faire vivre une véritable démocratie implicative ». Au-delà de cette refonte des statuts, l’union rassemblant 9 coopératives pesant 10% de la production des volumes d’AOP et IGP de Provence, reste toujours en attente de trouver le terrain adéquat à la création du nouvel outil de production à l’étude depuis deux ans. « Il nous faut trouver une perle rare de plusieurs hectares dans un endroit environnementalement adapté, ce n’est pas simple », résume Philippe Brel.