n annonçant la fin d’ici 2030 de la détaxation du Gazole Non Routier (GNR), le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, savait qu’il ne ferait pas plaisir au monde agricole (sauf aux concessionnaires de tracteurs et robots électriques). Comme le résume Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, « nous ne sommes pas favorables à la levée de l’exonération du GNR. C’est un vecteur de notre compétitivité. On nous parle de 2030 c’est demain. » Malgré cette opposition, une opportunité de diversification de l’activité vitivinicole pourrait se dessiner à l’occasion de cet arrêt de la détaxation des carburants agricoles.
Pour la filière vin en particulier et la France en général, « iI peut y avoir une solution pour de meilleures performances économiques et environnementales » esquisse Jean-Marie Fabre, notant que s’il y a baisse des exonérations sur le carburant pour moins émettre de gaz à effet de serre, il faut soutenir les alternatives : dont le bioéthanol, qui peut être issu des produits de la vigne et du vin. Mais pour développer la production de bioéthanol, encore faut-il que ses cours soient rémunérateurs.


« Il faut de la cohérence des politiques publiques sur les carburants » prévient Jean-Marie Fabre, qui reste en l’état interrogatif sur les volontés du gouvernement. « Le bioéthanol pourrait être débouché s’il y a une ambition pour l’énergie décarbonée avec une rémunération à la hauteur » plaide-t-il, ajoutant qu’avec son processus de distillation, sa production « peut aussi être un outil de régulation. Selon les zones, le bioéthanol permettrait de réguler l’offre et la demande » alors que les dispositifs réglementaires sont limités (en témoignent les difficultés pour la distillation et l’arrachage actuellement mis en place).
En somme, la filière du bioéthanol pourrait devenir un débouché permettant à la France de se mettre en conformité avec sa trajectoire environnementale et de pilote sa production de vin propose Jean-Marie Fabre. Qui appelle à des actions gouvernementales fortes, allant au-delà des belles paroles et promesses séduisantes. « J’ai toujours à l’esprit la baisse d’impôts de production pour les industries non délocalisables. L’agriculture n’en bénéficie pas, alors qu’il y aurait besoin de soutien » pointe celui pour qui le développement économique de la filière vin doit être une grande cause nationale.