es viticulteurs sont de plus en plus nombreux à stocker l’eau de pluie. Pour Fabien Vermot-Desroches, directeur marketing et développement d’Axe Environnement, cette tendance reflète « une prise de conscience. En effet, il n’est pas nécessaire d’utiliser de l’eau potable pour traiter ou irriguer les vignes. En plus, l’eau de pluie est gratuite ». Mais il faut la stocker. Première option : les conteneurs blancs encagés de type GRV (grand récipient pour vrac). Le plus souvent d’une capacité de 1000 l pour un prix d’environ 250 €, ils peuvent répondre à quelques besoins comme l’arrosages d’espaces verts ou le nettoyage du matériel. « Ce sont les réservoirs les plus simples et les plus économiques » indique Fabien Vermot-Desroches. Plutôt que dans des cuves blanches, ce fournisseur recommande d’investir dans des cuves noires ou recouvertes d’un film opacifiant pour empêcher la prolifération des lichens provenant des toitures.
Si les cuves GRV peuvent dépanner, les fournisseurs recommandent de plus grands réservoirs aux vignerons. Plus chers à l’achat et à l’installation, ils offrent une réserve d’eau disponible toute l’année, même en été. Eau qui peut être utilisée pour les traitements ou l'irrigation.
Pour stocker plus de 2 à 3m3 d’eau de pluie, deux solutions : les citernes souples ou les rigides. « Les citernes souples sont plus économiques, ramenées au volume stocké, mais elles nécessitent plus place au sol que les rigides » indique Fabien Vermot-Desroches. En fait, ce sont d’énormes outres que l’on peut poser sur du sable damé et dont la capacité de stockage peut atteindre 2000 m3.
Les citernes rigides, quant à elles, contiennent au maximum une centaine de mètres cubes. Pour augmenter la capacité de stockage, on les raccorde entre elles. Ces réservoirs sont le plus souvent en polyéthylène haute densité (PEHD) ou en acier, plus rarement en béton. Pour les installer, il faut couler une dalle de béton. Lorsqu’on veut les enterrer, il faut aussi « une dalle de répartition au-dessus d’elles afin de pouvoir circuler sans risque » prévient Fabien Vermot-Desroches. Sans compter le creusement. En contrepartie, on ne perd pas de place et « l’eau reste à une température constante, elle ne s’altère donc pas », explique Mickaël Quirin directeur général de Beiser Environnement
A cela s’ajoutent des accessoires pour permettre le remplissage des cuves et la récupération de l’eau. Les collecteurs de gouttière sont « essentiels » pour Fabien Vermot-Desroches. Ils dévient l’eau des gouttières jusqu’aux citernes et sont pourvus d’un trop plein pour éviter tout débordement.
« Il est aussi essentiel d’avoir un système de préfiltration pour retenir les feuilles et débris divers » ajoute Laurent Yvergniaux directeur commercial marché élevage chez Renson. Car tous les fournisseurs le confirment, avec une filtration adéquate on pérennise la qualité de l’eau ce qui évitera tout nettoyage de la cuve par la suite. Ces filtres sont intégrés au collecteur de gouttière ou placés directement à la sortie des descentes de gouttières pour les plus sophistiqués d’entre eux. Il en existe de nombreuses sortes dont le prix varie de quelques centaines d’euros pour les simples tamis à plusieurs milliers d’euros pour les filtres en inox autonettoyant.
Enfin, les cuves aériennes « devront être équipées d’une sortie pour récupérer l’eau, ajoute Mickael Quirin. Mais attention, en période de gel l’eau à l‘intérieur de la vanne peut geler et la casser ». Si l’on veut stocker de l’eau en hiver dans régions soumises au risque de gel, mieux vaut se tourner vers une cuve enterrée qui doit obligatoirement être équipée d’une pompe.
Avec un prix moyen du mètre cube d’eau autour de 4 €, stocker l'eau de pluie ne sera rentable qu'au bout d’une dizaine d’années. Mais sur ce sujet, le sens civique peut primer sur la rentabilité à court terme
Pour bien dimensionner son installation la première chose à faire est de déterminer à quoi elle servira. « Va-t-on utiliser cette eau pour remplir des pulvérisateurs ? pour laver du matériel ? pour de l’irrigation, pour de l’arrosage d’espace verts ? » questionne Fabien Vermot-Desroches. Partant de là, on peut estimer le volume annuel et mensuel que cela représente. Il faut ensuite connaître la pluviométrie au niveau de l’exploitation. Comme elle est très variable d’une année sur l’autre, on retient la pluviométrie moyenne annuelle, dans un premier temps, pour avoir une idée des volumes d’eau de pluie récupérables, et ensuite la moyenne mensuelle pour identifier les périodes de sécheresse et prévoir un volume de stockage suffisant. Enfin il faut définir « la surface de toiture sur laquelle on souhaite collecter » ajoute Fabien Vermot-Desroches. Il n’y a alors plus qu’à multiplier cette surface par la pluviométrie annuelle moyenne et par le coefficient de perte de la toiture et on obtient le volume moyen d’eau que l’on peut récupérer. Ensuite, pour dimensionner au mieux la cuve de stockage il faut tenir compte des besoins et de la pluviométrie mensuels. Pour en savoir plus.