ls n’étaient pas moins de 60 (sur 70 attendus) à faire le déplacement pour bénéficier de la formation co-organisée par la Commission Flavescence et la FREDON. La formation s’est déroulée en deux temps : un premier le jeudi 11 mai rassemblant les viticulteurs durant 2 heures autour des bonnes pratiques, de la prospection et des connaissances autour de la maladie et un deuxième vendredi 12, réunissant les référents communaux et le Comité des vins de Touraine (CIVT) durant 4h et poussant davantage les apprentissages. Pour cette deuxième partie, plus qu’une formation, il s’agissait également d’une réunion pour organiser, prioriser et construire la façon de procéder pour lutter efficacement contre la maladie.
« Cela nous a permis de déconstruire certaines croyances » confesse Vincent Delanoue, responsable de la commission flavescence. Il raconte « Nous avons pu apprendre le fait que les larves des cicadelles naissent saines et que c’est en piquant un cep infecté qu’elles deviennent porteuses de la maladie puis qu’elles la transmettent à nouveau, ou encore que certains autres arbres/arbustes, comme le noisetier, l’aulne ou encore la clématite, sont des hôtes pour la même espèce de cicadelle vectrice de la maladie (Scaphoïdeus titanus). Autre fausse croyance : le fait de retrouver en hiver, lors de l’arrachage, quelques rafles sur des pieds marqués comme malades quelques mois auparavant, faisaient douter certains viticulteurs sur la véracité du diagnostic. Aujourd’hui on sait que qu’un cep peut être infecté mais produire quand même quelques grappes sur certains sarments, ça ne veut pas dire pour autant qu’il ne doit pas être arraché. »
Ces fausses croyances déconstruites ont permis de penser des solutions de préventions comme le fait d’éviter la plantation d’autres plantes hôtes de l’insecte aux abords des parcelles : « L’un des viticulteurs de l’appellation a pris la décision de déplanter des noisetiers qu’il avait installés dans une haie. »
Toutes les bonnes pratiques à mettre en place ont été rappelées lors de ces formations, mais pour que tous puissent les garder en rappel, une "fiche de bonnes pratiques" leur a été fournie.
Elle comprend les conseils suivants :
Pour l’ensemble du vignoble :
- essayer de planter des plants traités à l’eau chaude,
- faire attention aux espèces plantées aux abords des parcelles lors de la mise en place de haies,
- être formé et informé pour pouvoir reconnaître les signes de la maladie et en informer les référents.
Pour les zones infestées :
- épamprage sévère des ceps aux pieds pour compliquer l’accès des cicadelles aux feuilles hautes,
- traitement obligatoire de la zone et des ceps isolés (chez les particuliers),
- nettoyage des outils (rogneuse, effeuilleuse) en fin de parcelle,
- lors des vendanges à la machine ces zones doivent être récoltées en fin de journée juste avant le nettoyage de la machine pour éviter de contaminer des zones non touchées.
La Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF) autorise un intervalle de 10 jours pour les traitement de zones infectées. Le responsable commission flavescence explique que les viticulteurs mettront tout en œuvre si les conditions le permettent pour lutter conjointement sur une fenêtre de 2 jours. Pour lui, ces réunions et ces réflexions communes recréent du lien au sein de la profession. « Nous avons également bien avancé sur la question des particuliers ayant de pieds de vigne. » raconte-t-il, « Nous avons trouvé un système avec les municipalités pour faire intervenir un paysagiste chez les particuliers pour le traitement de leurs pieds. Nous sommes encore en discussion sur le financement de l’opération, cependant, il vaut mieux savoir mettre quelques euros plutôt que de perdre tout le vignoble ! »
Prochaine étape : reconnaissance le premier mercredi et le premier vendredi de septembre.
« Lors d’une audience au Conseil d’Etat le 12 mai sur la lutte contre la flavescence dorée en vigne, le rapporteur public a tranché en défaveur de la Confédération paysanne, -demandant une généralisation de l’obligation de traitement à l’eau chaude-, et en faveur de la Fédé ration de la pépinière viticole, positionnée à l’inverse. Le rapporteur préconise également le rejet de la demande de la conf’ visant l’annulation de l’arrêté du 27 avril 2021 relatif à la lutte contre la maladie. Il préconise en revanche l’annulation partielle de l’instruction technique du 13 août 2021, demandée par les pépinéristes.[…] » source : Agra Presse
Vincent Delanoue regrette cette nouvelle: « Je suis pour l’obligation de traitement à l’eau chaude des plants. Cela fait partie des choses à défendre en parallèle de la lutte dans les vignes. Il faudra batailler pour faire rentrer un matériel végétal sain dans nos parcelles. »