lus de doute possible, la flavescence dorée est bien présente sur l’aire d’appellation Bourgueil. Pour éviter un arrachage massif de parcelles entières, l’ODG a créé en février sa commission flavescence, sous la responsabilité de Vincent Delanoue, le secrétaire adjoint de l'ODG Bourgueil. Le but : « Renforcer la prospection. Dans un premier temps, il faut donc former les vignerons et leurs salariés, mais aussi toute personne pouvant aider (retraités, riverains, clients …) à être en capacité de repérer les ceps malades. », explique le vigneron. Ces formations, dispensées par la FREDON, se feront en deux temps : tous seront formés en salle lors d’une première session en mai prochain, puis sur le terrain à la fin du mois d’août.
A ce jour, l’apparition de la flavescence dorée sur le vignoble de Bourgueil a eu pour conséquence le traitement de 170 hectares et le déracinement de 1 300 ceps malades (confirmés par la Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt, DRAAF). Sur les huit communes qui couvrent l'aire d'appellation, un premier foyer s’était déclaré en 2021 à Saint Nicolas de Bourgueil. Celles de Restigné et La Chapelle-sur-Loire ont suivi en 2022. Pour essayer de sauver les cinq autres (Benais, Bourgueil, Chouzé-sur-Loire, Ingrandes-de-Touraine et Saint-Patrice), chaque commune sera représentée par deux référents. Ces derniers affûteront davantage leurs connaissances de la maladie auprès de la Chambre d’Agriculture et de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV).
Ces référents communaux auront pour mission de faciliter la transmission d’informations et de faire gagner du temps grâce à leurs connaissances du terrain, du parcellaire, mais aussi de la population et des municipalités. En effet, contre la flavescence il faut faire front commun, car les vignes pouvant être vectrices sont non seulement présentes dans les parcelles, mais aussi chez les particuliers.
Une fois le plus grand nombre formé, la prospection aura lieu, le premier mercredi et le premier vendredi du mois de septembre. « Par groupe de 15 à 20 personnes, nous pourrons repérer les ceps isolés malades. Les référents valideront, avec l’accord des autres, le marquage des souches. Ainsi, si les ceps isolés sont certifiés malades, la zone pourra être traitées. » Pour le vigneron responsable de la commission, la logique est très simple : « Si une personne dans chacune des 120 exploitations, part en prospection sur 10 hectares, on couvre presque la totalité des 1 400 hectares. »
Afin que la menace soit prise au sérieux, l’ODG réfléchit à inscrire l’obligation de formation et de prospection au moins dans son règlement intérieur, voire dans le cahier des charges de l’appellation. Le but est de montrer le bien-fondé de ces actions et de convaincre les plus sceptiques.
Cette obligation réglementaire permettrait d’encadrer et de rééquilibrer l’engagement de tous. Vincent Delanoue rassure tout de même « Nous feront cela en deux temps. On préfèrerait d’abord convaincre en assurant des moments de convivialité entre tous les vignerons. Les moments de prospection seront aussi des moments fédérateurs, de partage et d’échanges. On pense par exemple à organiser des repas pendant ces journées. » Un joli pari de la solidarité dans l'adversité pour cette appellation représentée par 120 exploitations, sur 1 400 hectares.