ace aux nouvelles règles d’étiquetage, le Comité européen des entreprises du vin (CEEV) et Spirits Europe ont dégainé les premiers avec leur QR code U-label. Depuis, des offres se voulant plus compétitives ont émergé. Rien n’est figé, car chacun attend des précisions réglementaires tout en surveillant la concurrence. Mais, pour choisir le prestataire qui correspond à vos besoins, plusieurs critères doivent être pris en considération.
La sécurité des données est une priorité car le risque de perte ou de piratage est réel. Certains éléments peuvent rassurer : une certification ISO 27001 en cybersécurité, un hébergement des données en France (ou en Europe) ou encore une longue expérience dans la gestion de données sensibles. Les prestataires ayant fidélisé une clientèle exigeante (agences gouvernementales, grandes entreprises, marchands d’œuvres d’art…) disposent logiquement d’une infrastructure solide.
Le QR code ne doit pas collecter de données ni tracer les consommateurs. La traduction automatique des fiches dans la langue de l’utilisateur doit donc éviter de recourir au GPS. De même, quand la possibilité est offerte de consulter l’historique des scans par pays, il faut s’interroger sur le système de géolocalisation utilisé.
Le QR code ne peut pas, non plus, porter d’informations commerciales. Or des prestataires proposent parfois d’habiller la fiche nutritionnelle aux couleurs et logo de l’entreprise, voire d’insérer un lien vers un site commercial. Prudence : à ce jour l’interprétation du règlement semble varier autant parmi les prestataires que parmi les agents des fraudes.
Tous les prestataires ont cherché à vous faciliter la vie à l’aide de menus déroulants, liste d’ingrédients prédéfinis et traduction automatique dans les 24 langues de l’UE. Quelques outils offrent des « petits plus » : valeur énergétique préremplie, traduction dans une langue non européenne, option « dupliquer une cuvée »… Certains, comme Scantrust ou Deevin, comportent aussi une offre dédiée aux grandes entreprises qui pourront créer des catégories de collaborateurs aux droits différenciés (créer une fiche, la modifier, télécharger ou imprimer un QR code…).
La plupart des logiciels permettent de modifier la fiche de façon illimitée même après impression du QR code : on peut ainsi préparer ses étiquettes avant d’avoir reçu les analyses du labo. Toutefois, des entreprises préfèrent empêcher les modifications sur les QR codes déjà imprimés afin que la fiche d’un vin déjà en vente ne soit pas modifiée par mégarde. C’est par exemple le cas de Prooftag, qui précise qu’en fonction des retours clients elle changera peut-être d’avis.
Malgré la simplicité des outils, la qualité du service client a son importance car des tracas peuvent apparaître au fil du temps.
Certains prestataires proposent divers designs : couleur, fond, forme, habillage, taille… Mais il faut arbitrer entre esthétique, lisibilité et taille. Et en fonction de sa stratégie marketing. Car, si la contre-étiquette arbore déjà un QR code commercial, c’est lui qui doit attirer l’œil. C’est pourquoi d’autres imposent un QR code sobre, qui reste lisible en étant imprimé petit.
Par ailleurs, des fournisseurs (Prooftag, Scantrust, Occitanic, Vin.co, Viniscan…) adaptent déjà leurs QR codes aux standards des codes-barres augmentés GS1, appelés à se généraliser dans un futur proche.
Si le prestataire fait faillite ou double ses tarifs, il faudra peut-être en changer. Qu’adviendra-t-il des QR codes générés chez lui ? Le problème ne se pose pas avec les sociétés qui, à l’instar de Scantrust et Occitanic, ont séparé le QR code de la page hébergeant les informations. « Nous créons pour chaque QR code une URL courte détachée de notre structure, qui renvoie vers la fiche nutritionnelle : si le client nous quitte, son nouveau prestataire pourra se « plugger » sur cette URL courte, explique Occitanic. Si vous utilisez l’URL courte de votre prestataire, vous êtes liés à lui. Et, s’il fait faillite, votre QR code ne fonctionne plus. »
D’autres entreprises s’engagent sur la portabilité des données : avec Viniscan et vin.co, le client qui met fin à son abonnement peut demander la redirection gratuite de ses données vers un autre hébergeur. Letiket facture cette redirection 5 € par cuvée. Deevin ne propose pas de redirection des données, mais s’engage à les conserver dix ans sur ses serveurs après le départ du client. Prooftag promet de les conserver indéfiniment.
Rien n’était prévu chez U-label, mais une fonctionnalité « est en cours de développement afin de permettre aux entreprises d’exporter l’ensemble de leur base de données vers leur propre système ou vers un autre prestataire ».
Beaucoup d’offres émanent d’entreprises actives dans le milieu du vin, pressées par leurs clients de proposer une solution à la réforme. C’est le cas de Scantrust et Prooftag (auteurs de millions de QR codes visant à tracer et authentifier des bouteilles), Occitanic (créateur de sites web pour les vignerons), Letiket (attachée à l’agence de communication Tanik) et de Vin.co (spécialisé dans la gestion d’information produits pour les pros du vin). À l’opposé, Deevin est une start-up incubée par l’école de code 42, créée spécialement pour répondre à la réforme. En plus du service vendu en direct aux vignerons, elle propose son interface en « marque blanche ». Un syndicat, par exemple, peut utiliser le logiciel Deevin (même offre et même tarif) en faisant apparaître son propre logo. Quant à l'application Viniscan, elle est portée par un syndicat à but non lucratif, la Commission commerciale viticole (CCV), et la fédération des vins de Champagne. Elles ont ensemble sélectionné un prestataire informatique par appel d’offres. Celui-ci gère la partie technique, l’organisme professionnel assure l’animation auprès des vignerons. Viniscan est ouverte à tous les vignerons et la CCV invite les fédérations intéressées à s’associer à sa gouvernance.