ettre tous ses raisins dans le même panier comporte toujours un risque, et dans le contexte d’un climat et des marchés qui changent, la filière vitivinicole néo-zélandaise a décidé qu’il était temps d’épouser la diversité. En amont de la journée internationale du sauvignon blanc, ce 5 mai, elle a annoncé le lancement d’un projet d’amélioration variétale, le « Sauvignon Blanc Grapevine Improvement Programme ». Doté d’un budget de 18,7 millions NZD (soit 10,5 M€) sur sept ans, le projet vise à diversifier les ressources génétiques d’un cépage qui couvre près de 27 000 hectares sur un vignoble national de quelque 41 000 ha.
La localisation insulaire des vignobles néo-zélandais ne les protège pas forcément contre des maladies et autres ravageurs, ni contre les effets du changement climatique. Pour un secteur qui s’est forgé une réputation autour d’un seul cépage, et dont la valeur globale se chiffre à 2 milliards NZD (soit environ 1,1 milliard €), le danger est évident. Bragato, le centre de recherche appartenant à l’organisation professionnelle New Zealand Winegrowers, a donc lancé le nouveau programme d’amélioration variétale de concert avec des partenaires institutionnels et privés. Au total, 22 entreprises sont parties prenantes aux côtés de l’association nationale des pépiniéristes. L’Etat, à travers le ministère de l’Agriculture, apportera près de la moitié du financement et permettra de porter le nombre de nouveaux clones développés de 4 800 à 12 000, et de réduire de moitié le délai requis pour tirer parti des bénéfices.
Au cours de cette saison, le programme a déjà donné naissance à 6 000 nouvelles variantes de sauvignon blanc qui se trouvent actuellement dans une pépinière, pour être plantées au printemps austral dans une parcelle dédiée à la recherche. L’objectif est de sélectionner les individus qui présentent des caractéristiques telles que la résistance aux maladies et aux gelées et qui permettent des économies d’eau et une amélioration des rendements. Par ailleurs, « des vignes qui, soit préservent les arômes et les saveurs typiques du sauvignon blanc de Marlborough, soit offrent de nouveaux profils de sauvignon blanc qui permettent d’élargir le champ des possibles en matière de commercialisation », seront développées. « Les plantes ont une capacité naturelle de se diversifier génétiquement, sous l’effet de stress environnementaux », note le Dr Darrell Lizamore, responsable scientifique du projet. « Ces connaissances seront utilisés pour donner naissance à une population de vignes présentant des caractéristiques uniques. Comme il ne s'agit pas de croisements avec d'autres cépages, les plants restent du sauvignon blanc et les nouvelles variantes sont entièrement formées dès la première génération ».
Pour identifier rapidement les différences exprimées par les 6 000 variantes, l’institut de Bragato a installé le premier séquenceur troisième génération à haut débit – le PromethION – en Nouvelle-Zélande. Les vignes présentant de nouvelles caractéristiques prometteuses seront observées à la vigne vers la fin du programme, d’ici à sept ans. Ce délai coïncidera avec la nécessité de renouveler les vignobles néo-zélandais d’ici 15 à 25 ans, estiment les chercheurs et professionnels.