Gilles Gally : Nous sommes conscients que les prix des vins qui n’augmentent pas créent des difficultés dans le contexte actuel. Le négoce partage d’ailleurs les inquiétudes de la production face à la diminution des sorties. La situation économique est également compliquée pour les maisons de négoce qui doivent affronter de nombreuses hausses tarifaires (énergie, matières sèches, etc.). Néanmoins, force est de constater que les prix se maintiennent dans le bassin languedocien, et ne se sont pas écroulés comme ailleurs. Les maisons de négoce ont maintenu leurs prix à l'achat sur la campagne et nous pouvons saluer en ce sens les effets positifs des différents outils d’équilibre et de régulation des offres AOC et vins de cépage dont nous disposons au sein des interprofessions du Languedoc : réserve climatique, BIC, GPS. Même s’il est vrai que le rythme des retiraisons tarde. Pour revenir aux prix, une hausse significative ferait cependant décrocher les volumes assez rapidement.
La discussion est-elle ouverte avec la production ?Nous n’avons jamais refusé une réunion avec qui que ce soit. Il faut se poser les bonnes questions pour pouvoir anticiper et les maisons de négoce s'investissent pour participer aux travaux de la filière. Nous sommes aux réunions, dans les interprofessions et avec toutes les organisations qui nous sollicitent et souhaitons participer activement à toutes les actions pragmatiques en faveur de notre filière.
Comment adapter production et marché ?En optimisant au maximum le pilotage de la filière. Je suis un fervent défenseur de la contractualisation pluri-annuelle, un très bon outil qui a fait ses preuves et utilisé par de nombreuses maisons. Elle doit cependant s’accorder aux demandes du marché, car les vins produits aujourd’hui ne correspondent pas tous à ce qui est attendu. Ces dernières années, le marché a évolué de manière très rapide et nous avons tous du mal à nous y adapter, et ce n’est pas imputable à la production car il y a également de bons et de mauvais négoces. Pour anticiper les besoins du marché, il faut travailler avec les structures qui disposent des données et des panels : les interprofessions, au sein desquelles nous cotisons tout autant que la production, où tous les budgets sont votés par la production et le négoce. Un travail collaboratif entre production et négoce doit être amorcé sur les profils produits pour mettre en place une segmentation globale. Il faudrait qu'à l'échelle de chaque exploitation, chaque parcelle de vignes soit fléchée vers un profil produit et un marché.
Cela suffira-t-il à conquérir les marchés ?Nous perdons des parts de marché en raison des phénomènes cumulés de déconsommation et de concurrence dure sur les marchés internationaux. Sur les marché français, les derniers chiffres font état d’une inflation de 12% sur les produits alimentaires, poussant nécessairement les consommateurs vers des arbitrages dont le vin souffre. Le marché du vin évolue fortement dans sa façon de consommer et être distribué, mais ce qui est clair, c’est que les appellations qui investissent le plus s’en sortent le mieux : Languedoc, Pays d’Oc, Picpoul de Pinet… Mais ce n’est pas sur le marché français que nous trouverons les parts de marché qui nous manquent. Il faut investir à l’export avec des moyens que les interprofessions seules n’ont pas. Nous en appelons donc à la région, qui investit trop peu par rapport à d’autres. Nous avons besoin de financements et d'aides sur les marchés, grâce aux aides existantes et à des compléments d'aides de la région Occitanie, sur le modèle du plan de relance post-Covid. Celui-ci a été très efficace pour les ventes des vins de la région sur les marchés, en France comme à l'export. Notre filière a besoin d'un second plan de relance pour appuyer directement les ventes.